Couvrir le Coronavirus: un cours en ligne pour les journalistes - First Draft
First Draft uses cookies to distinguish you from other users of our website. They allow us to recognise users over multiple visits, and to collect basic data about your use of the website. Cookies help us provide you with a good experience when you browse our website and also allows us to improve our site. Check our cookie policy to read more. Cookie Policy.

This website is hosted in perpetuity by the Internet Archive.

Couvrir le Coronavirus: un cours en ligne pour les journalistes

 *Les leçons contenues dans cette formation, lancée pendant le premier pic de la pandémie en mars 2020, sont encore tout à fait valables.

Parallèlement à la propagation rapide du coronavirus, une « infodémie » est également en marche. Des informations trompeuses ou incorrectes sur la maladie, son mode de propagation et les moyens de protection se propagent plus rapidement que le virus lui-même. 

Qu’il s’agisse de personnes vous proposant de faux remèdes, de théories du complot utilisées pour saper les gouvernements d’oppositionde canulars ou de mèmes satiriques, la désinformation nuit à la confiance et augmente le sentiment de panique dans notre société. Cet environnement numérique complexe présente de nombreux enjeux pour les créateurs de contenu, les technologues, les législateurs, les chercheurs, les enseignants et les journalistes. Mais nous pouvons œuvrer ensemble pour faire face à ces défis.

Comment utiliser ce cours ?

Il est certain que si vous êtes journaliste, vous risquez d’être débordé en ce moment. Vous avez probablement du mal à trouver le temps de déjeuner. Nous avons conçu ce cours de manière à ce qu’il soit « appétissant ».

Nous avons fait en sorte que les vidéos soient aussi courtes que possible. Certaines vidéos durent environ 10 minutes, mais la plupart ne dépassent pas 2 à 3 minutes. Nous avons également répété les informations clés dans le texte ci-dessous afin que vous puissiez y accéder ultérieurement si vous n’avez pas le temps de regarder.

Le cours s’articule autour de quatre thèmes et chaque module est associé à l’une de ces quatre rubriques

1) VUE D’ENSEMBLE : Ces modules portent sur les définitions et les cadres de référence. Cette section contient beaucoup d’informations, en revanche, elle contient moins de conseils et d’astuces. Il s’agit de vous aider à comprendre le désordre informationnel et à l’appliquer au coronavirus.

2) VEILLE : Cette section vous aidera à vous y retrouver, que vous recherchiez des techniques pour vous tenir au courant de toutes les informations de qualité sur le virus, que vous cherchiez à traquer les théories du complot et les canulars, ou que vous cherchiez des personnes parlant de leurs expériences personnelles du virus en ligne. Vous avez la possibilité de choisir les modules par plateforme. Vous avez peut-être besoin d’aide pour effectuer des recherches sur TikTok ou Instagram, ou besoin de rafraîchir vos connaissances sur la création d’une liste sur Twitter. Nous les avons séparés pour faciliter la navigation.

3) VÉRIFICATION : Cette section vous permettra d’améliorer vos compétences en matière de vérification d’images et de vidéos, ou encore de déterminer l’empreinte numérique d’une personne en particulier. Consultez notre étude de cas qui vous explique les étapes que nous avons suivies pour vérifier l’authenticité d’une vidéo trouvée sur les médias sociaux.

4) REPORTAGE  : Cette section vous aidera à rédiger des titres, à choisir des images et à encadrer vos reportages de manière à ralentir la diffusion de la mésinformation. Comment pouvez-vous combler les « vides informationnels » et contribuer à expliquer les réponses aux questions posées par vos interlocuteurs ? Elle se termine en vous rappelant de prendre soin de vous et de faire attention à vos sources au moment d’écrire votre reportage.

Un glossaire et une liste de lecture sont également disponibles et peuvent être consultés à tout moment.

Ce cours a été conçu de manière à ce que vous puissiez suivre votre propre parcours de formation. Nous espérons que ce guide vous sera utile pour produire un reportage fiable sur cette crise provoquée par le coronavirus

Continuez à suivre firstdraftnews.org  pour connaître les dernières actualités et informations. Plus particulièrement, notre section Ressources pour les journalistes est régulièrement mise à jour avec de nouveaux outils, guides, conseils, foires aux questions, webinaires et autres matériels, afin de vous aider à émettre des informations documentées et à produire des reportages fiables

Aperçu

Pourquoi la mésinformation est-elle importante ?

En tant qu’espèce, nous sommes habitués aux commérages. Les psychologues ont démontré que les commérages humains s’apparentent au comportement des gorilles en groupe, notamment quand ils s’épouillent, la communication humaine implique le partage d’informations. Les rumeurs, les théories du complot et les informations fabriquées de toutes pièces n’ont rien de nouveau. Mais avant la révolution des flux numériques personnalisés, les rumeurs ne pouvaient pas se propager très loin ou très vite.  Aujourd’hui, les informations trompeuses ou les canulars délibérés peuvent transcender les frontières internationales en quelques secondes. Dans un moment aussi critique que celui que nous connaissons, cela peut devenir problématique.

Qu’est-ce qui nous incite à partager ?

La peur et l’amour sont de puissants facteurs de motivation. Confrontés à une pandémie planétaire, les citoyens échangent des informations parce qu’ils ont peur et veulent protéger leurs proches, se rendre utiles et sensibiliser les autres. Les neuroscientifiques sont convaincus que nous sommes plus enclins à nous souvenir des informations qui font appel à nos émotions. 

F*** news : quatre lettres

Le terme « F*** news » s’est largement répandu et est devenu une sorte de fourre-tout. Le problème est qu’il ne couvre pas tout le spectre des informations que nous trouvons en ligne. Les informations ne sont pas binaires. Il n’est pas question de choisir entre « fake » ou « pas fake ». Le terme peut également être utilisé comme une arme par les politiciens pour écarter les organes de presse avec lesquels ils ne sont pas d’accord.

Hugo Mercier et Dan Sperber expliquent dans leur livre  The Enigma of Reason (2018), que nous décidons de ce qui est « vrai » en fonction de notre activité sociale, et pour étayer l’identité et les croyances existantes, plutôt que par déduction individuelle. Qualifier quelque chose de « f*** news » conduit les gens à faire un choix sur la base de leur identité plutôt que sur les faits : si vous me croyez, vous êtes dans mon équipe, sinon vous êtes l’ennemi. À une époque où les informations que nous partageons peuvent sauver des vies, le rôle des journalistes et des professionnels de la communication est plus important que jamais.

La militarisation du contexte

Nous assistons de plus en plus à une militarisation du contexte. C’est précisément dans ce contexte que le contenu authentique est déformé et reformulé. Tout ce qui a une once de vérité est beaucoup plus efficace pour convaincre et toucher les gens.

Ce phénomène est en partie dû au fait que les moteurs de recherche et les plateformes sociales sont devenus beaucoup plus sévères envers les tentatives de manipulation de leurs utilisateurs. Avec le renforcement des mesures prises pour clôturer les comptes suspects et l’agressivité accrue à l’égard des contenus trompeurs (par exemple, le projet de vérification des faits de Facebook par des tiers), les agents de désinformation ont appris que l’utilisation de contenus authentiques, mais reformulés de manière nouvelle et trompeuse, est plus difficile à identifier pour les systèmes de modération basés sur l’intelligence artificielle.  Dans certains cas, ce type de contenu est jugé incompatible avec la vérification des faits. 

Pour résumer, nous devons donc plus que jamais savoir pourquoi et comment la désinformation se propage, afin de pouvoir travailler ensemble pour faire en sorte que le partage des informations puisse rester une force motrice bienveillante. 

Un cadre de référence pour comprendre le désordre informationnel.

Pour comprendre le désordre informationnel, nous devons comprendre les différents types de contenus créés et partagés, les mobiles de ceux qui les créent et la manière dont ils se propagent.

Il est important de pouvoir parler la même langue.  Nous préconisons d’utiliser les termes les plus appropriés pour chaque type de contenu ; qu’il s’agisse de propagande, de mensonges, de théorie du complot, de rumeurs, de canulars, de contenu hyperpartisan ou de médias manipulés. Nous préférons également utiliser des termes plus larges comme mésinformation, désinformation ou malinformation (voir ci-dessous). Collectivement, nous appelons cela le désordre informationnel (d’après  un rapport rédigé par Claire Wardle et Hossein Derakshan en 2017).

Désinformation
Lorsque des personnes créent intentionnellement des informations fausses ou trompeuses pour gagner de l’argent, avoir une influence politique ou causer intentionnellement des désagréments ou des dommages.

Mésinformation
Quand des personnes échangent des informations, sans savoir qu’elles sont fausses ou trompeuses, alors qu’elles veulent simplement aider.

Malinformation
Quand des personnes partagent des informations authentiques dans l’intention de nuire. Il peut s’agir de données à caractère personnel, de pornographie de vengeance ou de messages électroniques divulgués pour nuire à la réputation d’une personne.

Il est également utile de disposer d’une compréhension commune de la manière dont ce contenu est diffusé. Il peut être :

  • partagé involontairement par des personnes sur des médias sociaux, en cliquant sur « Retweeter » sans pour autant vérifier sa véracité.
  • amplifié par les journalistes qui sont plus que jamais sous pression pour interpréter et rapporter en temps réel les informations qui émergent sur les réseaux sociaux.
  • relégué au second plan par des groupes vaguement connectés qui tentent délibérément d’influencer l’opinion publique.
  • diffusé dans le cadre d’une campagne de désinformation sophistiquée via des réseaux de robots et des usines à trolls.

Il est indispensable que nous nous entendions sur la notion de désordre informationnel, car nous devons travailler ensemble pour y remédier. 

Les sept types de désordre informationnel les plus courants…

Parmi les trois grands types de désordre informationnel (mésinformation, désinformation et malinformation), nous faisons également référence à sept grandes catégories : 

  1. Satire ou parodie
  2. Fausses connexions 
  3. Contenu trompeur 
  4. Contenu « imposteur »
  5. Faux contexte 
  6. Contenu manipulé 
  7. Contenu fabriqué 

Ces classifications nous aident à comprendre la complexité de cet écosystème et les différences qui existent entre le vrai et le faux. Elles fonctionnent selon un spectre, et plusieurs catégories peuvent s’appliquer à un type de contenu spécifique. 

1. Satire ou parodie

La satire est la preuve certaine d’une démocratie saine. Il s’agit d’une forme d’art puissante pour dire la vérité au pouvoir et qui peut être plus efficace que le journalisme traditionnel dans ce domaine. Un bon satiriste exagère et met en lumière une vérité inconfortable et l’amène à des extrêmes pourtant souvent ridicules. Il le fait d’une manière qui ne laisse aucun doute au public sur ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Le public est conscient de ce qui est vrai, reconnaît l’exagération et, par conséquent, reconnaît la plaisanterie.

Le problème qui se pose en cette période de désordre informationnel est que la satire peut être utilisée stratégiquement pour contourner les vérificateurs de faits et pour diffuser des rumeurs et des théories du complot. Si l’on menace de vous poursuivre pour avoir répandu des rumeurs, vous pouvez toujours arguer que votre intention n’a jamais été d’être pris au sérieux. « Ce n’était qu’une blague » peut devenir une excuse pour diffuser des informations trompeuses. 

Le recours à la satire peut être un outil puissant, car plus elle est partagée en ligne, plus le contexte original peut être perdu. Sur les médias sociaux, l’ heuristique (les raccourcis mentaux que nous utilisons pour donner un sens au monde) fait défaut. Dans un journal, vous savez quelle rubrique vous êtes en train de consulter. Vous savez si vous êtes en train de lire la rubrique Politique ou la rubrique Divertissement. En ligne, c’est différent. 

Vous connaissez peut-être, par exemple, The Onion, un site satirique très populaire aux États-Unis. En connaissez-vous beaucoup d’autres ? La page Wikipédia des sites d’informations satiriques n’inclut pas El Deforma, la version mexicaine de The Onion, ni  Revista Barcelona, un magazine politique satirique argentin. Et souvent, lorsque le contenu est diffusé, il perd très vite son lien avec le diffuseur original, car il est transformé en captures d’écran ou en mèmes. 

2. Fausses connexions

Le débat sur le désordre informationnel impose aux créateurs de contenu, aux journalistes et aux blogueurs de reconnaître notre propre rôle dans la création de contenus potentiellement problématiques. 

Parlons du terme « clickbait » ou piège à clics. Le clickbait est quelque chose – généralement un titre ou une photo – qui donne envie aux lecteurs de cliquer sur un lien hypertexte, en particulier lorsque le lien mène vers un contenu douteux ou peu intéressant. Cette « fausse connexion » est une forme de désordre informationnel. Si nous utilisons un langage sensationnel pour susciter des clics, et qu’ensuite le lecteur ne va pas plus loin une fois sur le site, il s’agit d’une forme de pollution. 

Souvent, la force d’un titre peut faire la différence entre un petit nombre d’abonnés qui lisent un post et sa promotion auprès d’un public plus large. L’inclination du lecteur pour les GIF de chats et Netflix force les auteurs de publications et de reportages à rivaliser d’imagination pour capter l’attention du lecteur.

SOURCE: thesciencepost.com

Par exemple, le site d’informations satiriques The Science Post a publié un article intitulé  Study: 70% of Facebook users only read the headline (Étude : 70 % des utilisateurs de Facebook lisent seulement le titre des articles scientifiques avant de les commenter) en 2018. Le corps de l’article ne comportait aucun texte lisible, juste des paragraphes de « lorem ipsum » en guise de substitut. Vous ne pouvez cependant le savoir que si vous cliquez dessus pour le lire. Il a été partagé plus de 125 000 fois et a prouvé le bien-fondé du titre. La plupart des utilisateurs partagent du contenu sans même avoir cherché à le lire. 

Par la suite, des chercheurs de l’Université de Columbia et de l’Institut national français (INRIA) ont découvert que nous sommes plus enclins à lire du contenu dont les personnes que nous suivons sont les auteurs. Ce que nos amis et notre famille publient ou partagent sur les médias sociaux est appelé « recommandations de lecteurs » et sont à l’origine de 61 % des clics sur Twitter, selon l’étude. L’étude a également révélé que 59 % de l’ensemble des liens partagés n’ont pas encore été ouverts, ce qui signifie que les gens ont partagé sans même avoir lu le titre. 

Nous sommes « plus disposés à partager un article qu’à le lire », selon l’un des co-auteurs de l’étude, Arnaud Legout de l’INRIA. Le besoin en matière de trafic et de clics implique qu’il est peu probable que les techniques de clickbait disparaissent un jour, mais l’utilisation d’un langage polarisant et émotionnel pour générer du trafic peut créer des problèmes plus graves. S’il est possible d’utiliser ces techniques pour augmenter le trafic à court terme, les répercussions à plus long terme sur ce que les internautes sont prêts à croire en ligne sont indéniables.

3. Contenu trompeur

Il est difficile de définir ce qui peut être considéré comme « trompeur ». La question se résume au contexte et à la nuance : Dans quelle mesure une citation a-t-elle été strictement restituée ? Est-ce que les données ont été déformées ? Est-ce que la façon dont une photo a été recadrée a changé de manière significative la signification de l’image ?
Parmi les techniques courantes, mentionnons : reformuler les reportages en gros titres, utiliser des fragments de citations pour appuyer un argument plus large, citer des statistiques d’une manière qui s’aligne sur une position ou décider de ne pas aborder un sujet parce qu’il remet en question un argument.
Cette complexité est la raison pour laquelle nous sommes si loin de voir l’intelligence artificielle signaler ce type de contenu. Les ordinateurs savent distinguer le vrai du faux, mais un contenu « trompeur » constitue une zone d’ombre. L’ordinateur doit appréhender le contenu original (la citation, la statistique ou l’image), reconnaître le fragment et ensuite déchiffrer si celui-ci modifie de manière significative le sens de l’original.

Selon les tendances et les prévisions pour 2020 de l’Institut Reuters sur les médias et la technologie, 85 % des personnes interrogées pensent que les médias devraient s’efforcer davantage de mettre en avant les mensonges et les demi-vérités. Il existe clairement une différence significative entre un contenu hyperpartisan sensationnel et des légendes légèrement trompeuses qui reformulent une question. Il faut toutefois, à mesure que la confiance dans les médias s’effondre, considérer différemment des contenus trompeurs qui auraient pu être considérés comme inoffensifs auparavant. 

4. Contenu « imposteur »

Notre cerveau est toujours à la recherche d’heuristiques (raccourcis mentaux) pour nous aider à comprendre les informations. Le fait de voir une marque qui nous est familière est en soi une heuristique très puissante. Nous accordons notre confiance et notre crédibilité à ce que nous savons. Un contenu imposteur est un contenu faux ou trompeur qui prétend provenir de personnalités, de marques, d’organisations et même de journalistes reconnus. 

La quantité d’informations que les utilisateurs absorbent quotidiennement, ne serait-ce que depuis leur téléphone, rend l’heuristique encore plus percutante. La confiance que nous accordons à certaines célébrités, marques, organisations et médias peut être manipulée pour nous faire partager des informations qui sont inexactes.

5. Faux contexte

Cette catégorie regroupe les contenus qui sont authentiques, mais qui ont été reformulés de manière dangereuse. C’est l’un des types de mésinformation le plus répandu, et très facilement reproductible. Il suffit de trouver une image, une vidéo ou une vieille dépêche, et de la partager à nouveau pour l’adapter à un nouveau récit.

Le marché de « Wuhan »

L’une des premières vidéos virales après l’apparition du coronavirus en janvier 2020 montrait un marché vendant des chauves-souris, des rats, des serpents et d’autres produits à base de viande animale. Différentes variantes de la vidéo ont été diffusées en ligne, prétendant provenir de la ville chinoise de Wuhan, d’où le nouveau virus est originaire. La vidéo a été mise en ligne en juillet 2019 et a été filmée sur le marché de Langowan en Indonésie. La vidéo a toutefois été largement diffusée en ligne, s’appuyant sur les préjugés et le sentiment anti-chinois de la population.

6. Contenu manipulé

Un contenu manipulé consiste à altérer quelque chose d’authentique. Ici, le contenu n’est pas complètement inventé ou fabriqué, mais manipulé pour en modifier le récit. C’est ce que l’on observe le plus souvent sur les photographies et les images. Ce genre de manipulation repose notamment sur des images que la plupart d’entre nous regardent tout en faisant défiler rapidement le contenu sur les petits écrans de nos téléphones. Le contenu n’a donc pas besoin d’être sophistiqué ou parfait. Il suffit qu’il soit adapté à un récit et qu’il ait l’air réel pendant les deux ou trois secondes qu’il faut aux lecteurs pour décider de le partager ou non.

La rencontre sino-soudanaise

Le 3 février 2020, le ministre soudanais des Affaires étrangères et l’ambassadeur de Chine au Soudan se sont rencontrés pour discuter de l’épidémie de coronavirus qui sévit actuellement. 

Dans les semaines qui ont suivi, les photos de cette rencontre ont été retouchées pour montrer le ministre soudanais portant un masque facial. Les images ont été largement diffusées sur les médias sociaux, avec notamment des commentaires tels que « les Africains ne veulent pas prendre de risques avec les Chinois ». 

7. Contenu fabriqué

Un contenu fabriqué désigne quelque chose de complètement faux. Nous sommes parvenus à la fin du spectre et c’est le seul contenu que nous pouvons vraiment qualifier de « faux ». Les vidéos mises en scène, les sites Web inventés et les documents entièrement fabriqués entrent tous dans cette catégorie. 

Certains de ces contenus sont ce que nous appelons des « médias synthétiques » ou des « falsifications approfondies ». Le terme « médias synthétiques » est un terme fourre-tout qui désigne les médias fabriqués à l’aide de l’intelligence artificielle. En synthétisant ou en combinant différents éléments vidéo ou audio existants, l’intelligence artificielle peut assez facilement créer un « nouveau » contenu, dans lequel les individus semblent dire ou faire des choses qui ne se sont jamais produites. 

Dans cette vidéo réalisée en 2018, l’humoriste Jordan Peele utilise la technologie de l’intelligence artificielle pour donner l’impression que Barack Obama parle devant la caméra. Cette technologie n’est pas nouvelle et a été utilisée au cinéma pour donner vie aux personnages de Gollum, dans la trilogie du Seigneur des anneaux,   et à la toute jeune princesse Leia dans Rogue One. Actuellement, cette technologie est plus largement utilisée pour créer du contenu pornographique non consensuel , voire même pour créer des avatars du corps entier afin de permettre aux individus de contrôler chacun des aspects du corps humain. 

Pour l’instant, les médias synthétiques n’en sont qu’à leurs débuts. Des visages artificiels peuvent encore être remarqués en raison de petites erreurs et d’inadéquations, pour ne citer que quelques exemples. Cependant, il est probable que des exemples de ce type soient utilisés plus largement dans les campagnes de désinformation, au fur et à mesure que les techniques se perfectionneront. Des chercheurs travaillent toutefois à contrer cette menace en mettant au point des solutions pour nous aider à détecter ce type de « deep fakes »,  par exemple en examinant la fréquence du clignement des yeux dans les vidéos.

Les quatre principaux thèmes de mésinformation à propos du coronavirus

Quatre catégories distinctes de mésinformation se dessinent autour du coronavirus. Elles se propagent via les médias sociaux et les applications de messagerie fermée selon un schéma similaire à celui du virus lui-même, frappant chaque pays au fur et à mesure que la crise s’aggrave. 

Les quatre principaux types de mésinformation : 

  1. Les théories du complot sur l’origine du virus
  2. Mésinformation sur la diffusion du virus
  3. Informations fausses et trompeuses sur les symptômes et le traitement 
  4. Rumeurs concernant les mesures prises par les autorités et sur la réaction des citoyens 

Son origine

La mésinformation prospère en l’absence de faits vérifiés. Il est naturel pour l’homme d’essayer de donner un sens à de nouvelles informations en se basant sur ce qu’il sait déjà. C’est pourquoi, lorsque les autorités chinoises ont signalé une nouvelle souche de coronavirus à l’OMS en décembre, les utilisateurs des médias sociaux ont rempli le vide informationnel en avançant leurs propres théories sur son origine.

Pour les théoriciens du complot, il a été créé dans un laboratoire par le fondateur de Microsoft, Bill Gates, dans le cadre d’un programme internationaliste visant à réduire les chiffres de la population. Ou par le gouvernement chinois comme arme contre les États-Unis. Ou par les États-Unis comme arme contre la Chine.

L’un des mensonges les plus préjudiciables est issu d’une vidéo d’un marché en Indonésie, mise en ligne en juin 2019. Cette vidéo est choquante, car elle nous fait découvrir des espèces sauvages, notamment des chauves-souris, des rats et des chats, cuits et prêts à être consommés.

Cette vidéo montre-t-elle des étals de chauves-souris sur le marché de #Wuhan ? Non, cette vidéo a été filmée en  #Indonésie et n’a rien à voir avec le  #coronavirus #Faitssurlecoronavirus https://t.co/GzDDNgJyO8 pic.twitter.com/NK4nTsXoY0

— The Observers (@Observers) le 4 février 2020

Des dizaines de YouTubers ont repris la vidéo en supprimant les premières secondes qui donnaient des indications sur le véritable lieu (Langowan, sur l’île indonésienne de Sulawesi) et en ajoutant « MARCHÉ DE WUHAN ».

Comme pour de nombreuses rumeurs, il y avait un fond de vérité. Le marché des fruits de mer de Wuhan, qui regroupait une grande variété d’animaux, a été fermé le 1er janvier et le gouvernement chinois a interdit la vente et la consommation d’animaux sauvages fin février, suite à l’apparition du coronavirus.

Comment il se propage

SOURCE : Organisation mondiale de la santé

De nombreuses fausses affirmations tirent leurs origines de la confusion et la peur. Les émotions sont monnaie courante au sein des médias sociaux et, dans le contexte de la crise provoquée par le coronavirus, de nombreux utilisateurs échangent ce qu’ils pensent être des conseils utiles contre des « likes » et des partages.

Cette remarque est particulièrement vraie en ce qui concerne les caractéristiques du virus et les facteurs qui le rendent contagieux. Le site Web de l’OMS regorge d’informations réfutant les fausses affirmations, notamment celles selon lesquelles les températures chaudes et froides détruisent le coronavirus (ce n’est pas le cas), que les moustiques peuvent transmettre la maladie (ce n’est pas le cas) et qu’une lampe à ultraviolets stérilise la peau (ce n’est pas le cas, mais elle peut la brûler).

Par exemple, en Italie, le « patient zéro » aurait été un travailleur migrant qui aurait refusé de s’isoler après avoir été testé positif. Là encore, il y a une part de vérité dans tout cela. Un livreur a été sanctionné par une amende pour avoir agi de la sorte, mais rien ne prouve qu’il ait introduit le virus dans le pays. De nombreuses autres rumeurs malveillantes circulent également sur la manière dont le virus se propage parmi la population.

Ailleurs, le projet WorldPop de l’Université de Southampton a publié en février une étude estimant le nombre de personnes ayant pu quitter Wuhan avant que la région ne soit mise en quarantaine. En tweetant un lien vers l’étude, ils ont choisi une image qui cartographiait les itinéraires du trafic aérien mondial et les voyages pour toute l’année 2011. Cette « carte terrifiante » a ensuite été publiée par divers bureaux de presse australiens et britanniques sans faire l’objet d’une quelconque vérification. Bien que les responsables du projet WorldPop aient supprimé leur tweet malencontreux, le mal était fait.

Symptômes et traitement

Les mauvais conseils sur les traitements et les remèdes sont de loin la forme de mésinformation la plus courante, et cela peut engendrer de sérieuses répercussions. Elle peut empêcher les citoyens de bénéficier des soins dont ils ont besoin et, dans le pire des cas, provoquer des décès. En Iran, où l’alcool est illégal et où des milliers de personnes ont été infectées, 44 personnes ont trouvé la mort et des centaines ont été hospitalisées après avoir bu de l’alcool fait maison pour se protéger contre la maladie, selon les médias iraniens.

Nous avons également assisté à une spéculation effrénée concernant les symptômes, car les utilisateurs de médias sociaux cherchent à tout prix à se rassurer. Une liste de contrôles et de symptômes est devenue virale dans le monde entier début mars. En fonction de la source, la liste a été attribuée à des experts taïwanais, à des médecins japonais, à l’Unicef, au Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, au Comité de l’hôpital de Stanford et au camarade de classe de l’expéditeur qui était titulaire d’une maîtrise et travaillait à Shenzen. Le message suggérait que les boissons chaudes et la chaleur pouvaient détruire le virus et que le fait de retenir sa respiration pendant 10 secondes tous les matins pouvait servir de test pour savoir si l’on en était porteur. Aucune de ces affirmations n’a été prouvée.

Dans un exemple peut-être le plus célèbre à ce jour, le président Trump a affirmé lors d’une conférence de presse que l’hydroxychloroquine, utilisée dans les traitements contre la malaria, pouvait soigner le Covid-19. Bien que des essais contrôlés aléatoires soient en cours pour tester l’efficacité du médicament, certains citoyens sont hésitants à l’idée d’en prendre, et l’on signale des pénuries de médicaments car certains tentent de les stocker. Malheureusement, d’autres personnes ont également confondu le nom du médicament avec d’autres substances et deux jours après la conférence de presse, un couple d’Arizona d’une soixantaine d’années a été hospitalisé après avoir pris du phosphate de chloroquine, selon Banner Health. L’homme est décédé à l’hôpital et son épouse a fait savoir à NBC qu’ils avaient vu la conférence de presse.

Les rumeurs oscillent autour de sujets très graves, comme ceux évoqués ci-dessus, ou des superstitions inoffensives sur la nourriture et les remèdes maison soi-disant utiles. A terme, il faudrait que les personnes peu scrupuleuses réalisent l’importance de ne pas partager d’informations à moins qu’elles ne proviennent d’une source privilégiée, et dans presque tous les cas, il doit s’agir d’un expert médical.

Ma mère a positionné des oignons dans chaque recoin de la maison parce que Whatsapp le lui a conseillé. C’est l’apogée du culte Whatsapp de la mère. I am unable to can lmao pic.twitter.com/KF894u0aHt

— ayylmao (@temmyoseni73) 23 mars 2020

Comment réagissent les autorités et les citoyens ?

La pandémie et le phénomène « infodémique » sont désormais tous deux planétaires. Les internautes qui utilisent les médias sociaux en réseau partagent des contenus au-delà des frontières, afin de pouvoir s’avertir mutuellement de ce qui les attend. 

Des photos de rayons de papiers toilette vides à cause de consommateurs paniqués circulaient déjà au début de l’année lorsque les habitants de Chine et de Hong Kong ont réagi au coronavirus. Une ancienne vidéo portant sur les ventes d’un supermarché en 2011 a été repartagée et attribuée à des acheteurs en panique dans différentes villes du Royaume-Uni, d’Espagne et de Belgique. Des images de rayons vides dans des supermarchés américains de 2018 ont également prétendu illustrer des pratiques de consommation effrénée au Sri Lanka, tandis que d’anciennes images du Mexique montraient des pillages en Turquie. Ces exemples ont semé la panique de pays en pays. 

Les rumeurs qui circulent sur la façon dont les différents gouvernements réagissent à la pandémie, et donc sur ce qui pourrait arriver, sont également très répandues. Les réglementations varient d’un pays à l’autre, voire d’un État à l’autre. 

Les nouvelles mesures gouvernementales s’accompagnent d’une recrudescence de photographies déformées, affirmant que la police s’acharne sur ceux qui sortent ou que l’armée se promène dans les rues pour faire respecter la loi martiale. 

Les instructions données par les gouvernements ne sont pas toujours claires et les citoyens se posent des questions auxquelles ils ne trouvent pas de réponse, par exemple s’ils peuvent rendre visite à des proches ou s’ils ont besoin d’une attestation pour sortir promener leur chien.

Récemment, de fausses captures d’écran de SMS ont circulé au Royaume-Uni, prétendant que le gouvernement surveille ses concitoyens en utilisant les données de géolocalisation issues de leurs téléphones. Ces fausses rumeurs soutiennent que si vous sortez plus d’une fois, vous recevez un SMS vous infligeant une amende. Une fois de plus, cette affirmation repose sur un fond de vérité : le gouvernement britannique a envoyé un SMS à tous ses sujets pour leur dire de ne pas sortir de chez eux, sauf en cas de déplacements essentiels. 

Alors que la mésinformation circule dans le monde entier, nous constatons toujours que les quatre principales catégories de mésinformation sont l’origine du virus, son mode de propagation, les symptômes et les traitements, ainsi que les mesures prises par les gouvernements. 

Dix caractéristiques de mésinformation à propos du Coronavirus

 

Veille

Comment déterminer les mots clés ?

Les recherches intelligentes permettent de réduire les échanges sur les médias sociaux en trouvant des fragments d’informations précis à partir de mots clés. Lorsque vous recherchez du contenu digne d’intérêt en ligne, vous devez savoir exactement ce que vous cherchez et comment le trouver. Il est essentiel d’utiliser les bons mots clés pour effectuer des recherches pertinentes. Lorsque vous recherchez des mots clés :

  • Réfléchissez à la terminologie utilisée (jurons, fautes d’orthographe, argot, etc.)
  • Reliez les mots clés à l’aide de requêtes de recherche booléenne.
  • Incluez des termes à la première personne (mon, je, mon, mes) pour trouver des témoignages.
  • Considérez les plateformes comme des sources. Des conversations différentes ont lieu dans des communautés différentes. 
  • N’oubliez pas que les mots clés évoluent.

Comment écrire une requête de recherche booléenne basique ?

Les requêtes de recherche booléenne sont utiles à cet égard. Ces chaînes de mots vous permettent de réduire les échanges habituels sur les médias sociaux en passant d’une recherche par défaut à une recherche spécifique à plusieurs facettes pour trouver des fragments d’informations plus précis.

Dans ce guide rapide, nous abordons les bases essentielles que vous devez connaître pour effectuer des recherches dans les médias sociaux afin de collecter efficacement des informations.

Les recherches booléennes peuvent vous aider à préciser exactement ce que vous recherchez ou ne recherchez pas. Par exemple, disons que vous recherchiez des messages en lien avec un événement d’actualité, comme l’incendie de Notre Dame de Paris. Vous faites une recherche sur Notre Dame, mais vous ne souhaitez pas recevoir de messages sur le film de Disney.

Une recherche booléenne vous permettra d’inclure les messages mentionnant « Notre Dame », mais d’exclure ceux concernant le film Disney afin d’affiner vos résultats de recherche et de trouver les informations voulues.

Ceci est possible grâce aux « opérateurs » (booléens) qui vous permettent de combiner plusieurs mots clés. Il existe trois opérateurs pour les recherches de base, qui doivent rester en anglais : AND, OR et NOT.

AND

AND vous permet de restreindre votre recherche pour ne récupérer que les résultats combinant deux ou plusieurs termes. Par exemple, vous pouvez rechercher « Notre Dame » et feu.

OR

OR ous permet d’élargir votre recherche afin d’obtenir des résultats reliant deux ou plusieurs termes similaires. Cela peut être utile en cas de fautes d’orthographe et de frappe.

Dans le cas de Notre Dame, vous pouvez rechercher « Notre Dame » OR « Notre Dam ». Vous obtiendrez ainsi tous les résultats contenant l’une ou l’autre de ces expressions.

Points clés :

  • Les opérateurs (AND, OR) doivent être écrits en majuscules, sinon cela ne fonctionne pas.
  • Si vous recherchez des expressions (termes composés de plusieurs mots), vous devez les mettre entre guillemets (p. ex. : « vaccin contre le coronavirus »).
  • Vous ne pourrez pas trouver des informations qui ont été rendues privées par un utilisateur.

Comment rendre votre recherche plus complexe ?

Le regroupement de rubriques est particulièrement utile pour les recherches longues et complexes. Il réduit le risque d’interruption de la recherche et est plus simple à gérer. Cette approche, également connue sous le nom de « nesting », vous permet également de rechercher plusieurs variantes de vos termes de recherche à la fois. Pour regrouper des parties d’une recherche, il suffit d’utiliser des parenthèses ou des crochets.

Par exemple, si vous recherchez divers hashtags et fautes d’orthographe liés au coronavirus, vous écrirez :

(Coronavirus OR caronavirus OR épidémiedecoronavirus OR coronoavirus)

Les éléments de votre recherche qui se trouvent entre parenthèses seront privilégiés par la base de données ou le moteur de recherche afin d’obtenir un ensemble plus large de résultats.

Exemples de requêtes de recherche booléenne permettant le suivi du coronavirus.

Voici des exemples de recherches booléennes utilisées par l’équipe de First Draft pour suivre les problèmes liés aux coronavirus. Nous vous recommandons d’ajouter quelques mots clés supplémentaires qui sont spécifiques à votre domaine ou à votre public.

Termes généraux concernant le Covid-19

Remarque : Nous nous sentons obligés de mentionner que la présence de certains termes de recherche est due à leur prévalence sur les plateformes sociales, nous ne cautionnons en aucun cas toute terminologie discriminatoire.

« Coronavirus » OR « COVID-19 » OR « covid » OR « Sars-Cov-2 » OR « corona virus » OR « grippe chinoise » OR « grippe wuhan » OR « wuhanvirus » OR « chine virus » OR « chinevirus » OR « caronavirus » OR « coronovirus »

Élections et Covid-19

(« Coronavirus » OR « COVID-19 » OR « covid » OR « Sars-Cov-2 » OR « corona virus » OR « grippe chinoise » OR « grippe wuhan » OR « chine virus » OR « chinevirus » OR « caronavirus ») AND (« voter » OR “électeur » OR « vote » OR « votes » OR « électeurs » OR « élection » OR « primaires » OR « bureaux de vote » OR « bureau de vote » OR « lieu de vote » OR « bulletin de vote » OR « bulletins de vote »)

Recensement et Covid

Remarque : Cette recherche contient un opérateur de proximité, qui ne renvoie des résultats que si les mots sont rapprochés entre eux. La notation pour une recherche de proximité est différente selon le moteur de recherche. La notation que nous avons utilisée ci-dessous est formatée pour Google.

(« Coronavirus » OR « COVID-19 » OR « covid » OR « Sars-Cov-2 » OR « corona virus » OR « grippe chinoise » OR « grippe wuhan » OR « chine virus » OR « chinevirus » OR « caronavirus ») AND (« recensement » OR « questionnaire » OR « porte » AROUND(3) « frapper » OR « porte » AROUND(3) « frappant » OR « porte » AROUND(3) « frappée »)

Questions sur le Covid-19

Remarque : Cette recherche produira probablement des faux positifs, mais elle s’est quand même avérée intéressante pour l’équipe de First Draft :

(« Coronavirus » OR « COVID-19 » OR « covid » OR « Sars-Cov-2 » OR « corona virus » OR « grippe chinoise » OR « grippe wuhan » OR « chine virus » OR « chinevirus » OR « caronavirus ») AND (« j’ai une question »OR « devrais-je » OR « puis-je » OR « que se passe-t-il si »)

Suivi des listes Twitter

La fonction des listes de Twitter est un excellent moyen de collecter et de surveiller les comptes Twitter susceptibles de vous intéresser.

Les listes de Twitter vous permettent de :

  • surveiller des groupes de comptes, des organisations par thème, etc.,
  • voir le contenu de comptes sans pour autant les suivre,
  • suivre ou s’inscrire sur les listes d’autres personnes,
  • partager des listes de comptes utiles avec des collègues.

Comment trouver des listes Twitter sur Twitter.com

1.Pour créer une liste, ouvrez d’abord votre compte Twitter et accédez au logo sur le panneau de gauche qui ressemble à un document avec quelques lignes de texte.  

Source: Twitter.com/WHO

2.Vous accèderez à un écran avec toutes les listes que vous avez créées, auxquelles vous êtes abonné ou dont vous êtes membre. Dans le coin supérieur droit, le même logo de document apparaît, cette fois avec un signe plus – cliquez dessus !

3. Ici, vous pouvez donner un nom et une description à votre liste. C’est également là que vous pouvez choisir de rendre votre liste privée (visible uniquement par vous) ou publique (répertoriée sur votre profil et consultable).

4. Après avoir rempli les cases, cliquez sur Suivant et vous accèderez à une barre de recherche où vous pourrez saisir les noms de compte à ajouter à votre liste.

5. Par ailleurs, lors de votre navigation sur Twitter, si vous trouvez un compte que vous souhaitez ajouter à une liste existante, choisissez les trois points à côté du bouton “Suivre” du profil, puis cliquez sur “Ajouter/supprimer des listes.”

6. Une fois la liste créée, vous pourrez cliquer dessus pour consulter un fil d’actualités composé uniquement de contenu tweeté ou retweeté par les membres de la liste.

Comment rechercher des listes Twitter sur Google ?

Il existe une multitude de listes Twitter accessibles au public qui pourraient être utiles pour votre travail. Pour les trouver, choisissez l’option « Voir les listes » en dessous de « Ajouter/Supprimer des listes », comme dans la capture d’écran ci-dessus. 

SOURCE: google.com

Sur Twitter, il n’existe pas de méthode native pour rechercher des listes de Twitter par thème, mais vous pouvez utiliser ce raccourci Google pour trouver des listes publiques Twitter :site Web : twitter.com/*/lists « rechercher un terme »

Afficher les listes Twitter sur Tweetdeck

Tweetdeck est un outil gratuit largement utilisé par les journalistes et les chercheurs pour surveiller et collecter des informations sur Twitter.

SOURCE : tweetdeck.twitter.com

Sur l’interface Tweetdeck, vous pouvez suivre plusieurs colonnes au contenu différent sur le même site. Les colonnes peuvent se composer de listes Twitter, d’utilisateurs, de recherches par mots clés, de mentions, de likes, etc. 

Dans l’exemple ci-dessous, nous suivons une liste (politiciens NH), une recherche par mot clé et un utilisateur (le gouverneur Chris Sununu). Pour accéder à Tweetdeck, il vous suffit de posséder un compte Twitter. Connectez-vous en utilisant vos identifiants Twitter, cliquez sur l’option « Ajouter une colonne » sur le côté gauche, choisissez ce que vous souhaitez explorer et commencez le suivi.

Comment copier les listes Twitter ?

Twitter List Copy, créé par un étudiant, est un moyen utile de pouvoir copier les listes du compte de quelqu’un d’autre.

SOURCE: Twitter Copy List

Connectez-vous à votre propre compte Twitter sur le site, puis saisissez le nom d’utilisateur du propriétaire de la liste Twitter que vous souhaitez copier.

La liste déroulante affichera toutes les listes qui ont été créées par ce compte. Choisissez simplement celle que vous souhaitez copier. Cet outil vous permettra uniquement de la copier dans une de vos listes Twitter existantes. Vous pouvez donc créer une liste vide avec le nom que vous souhaitez utiliser avant de vous rendre sur ce site.

Crowdtangle Live Displays pour chaque pays

CrowdTangle est un outil d’analyse sociale appartenant à Facebook. Ses principaux portails exigent d’être titulaire d’un compte, mais tout le monde peut accéder à ses diffusions publiques en direct. C’est un moyen rapide et visuel de voir comment les informations sur le coronavirus sont diffusées sur les médias sociaux. 

Les diffusions publiques en direct sont organisées par région et par pays et présentent le contenu des médias locaux, des pages régionales de l’Organisation mondiale de la santé, des agences gouvernementales et des politiciens locaux ainsi que des discussions sur les médias sociaux de Facebook, Instagram et Reddit. 

Chaque diffusion publique en direct montre en temps réel les articles liés au Covid-19, triés par mot clé, avec des pages publiques et des comptes pour chaque région.

Souhaitez-vous connaître le contenu sur le coronavirus le plus en vogue dans votre pays sur Facebook ? @Crowdtangle a lancé des diffusions en direct accessibles au public. Il n’est pas nécessaire de disposer d’un compte pour les utiliser : https://t.co/9iJDltb22C

— Johanna Wild (@Johanna_Wild) 25 mars 2020

Autres outils de veille pour Instagram, TikTok et Reddit

Outre Twitter, voici quelques autres outils utiles que vous pouvez utiliser pour la veille : 

Picpanzee – Instagram

Picpanzee (maintenant appelé Picbabun) est un outil de métriques Instagram qui peut être utile pour la veille et la recherche. Avec Picpanzee, vous pouvez facilement rechercher les hashtags utilisés sur les publications, consulter les statistiques concernant des utilisateurs spécifiques et créer des listes d’utilisateurs qui vous intéressent. Vous ne pouvez malheureusement rechercher que des hashtags, et non des mots clés généraux. 

Vidnice – TikTok

Vidnice est un outil créé pour explorer les statistiques de l’application Tiktok. Il ressemble beaucoup à Picpanzee ; vous pouvez rechercher des utilisateurs et des hashtags, mais vous ne pouvez pas rechercher des mots clés spécifiques. Avec un compte Vidnice, vous pouvez créer des listes de comptes Tiktok et consulter les statistiques sur les utilisateurs qui vous intéressent, comme le nombre total de « followers » et le nombre moyen de « likes ».

Track Reddit – Reddit

Avec Track Reddit, vous pouvez contourner la fonction de recherche native de Reddit (qui n’est pas aussi avancée que certaines autres plateformes), et configurer des alertes pour les mots ou phrases clés sur lesquels vous effectuez une veille. Vous devrez créer un compte, mais une fois configuré, il vous suffira de saisir le mot clé que vous souhaitez suivre dans la case « Nouvelle campagne de suivi » et de choisir si vous souhaitez rechercher le mot clé dans les commentaires, les soumissions et les sous-rubriques spécifiques. 

Il est possible de choisir de recevoir des alertes. Ainsi, lorsqu’un résultat de l’une de vos campagnes de suivi vous sera communiqué, vous en serez informé par courrier électronique ou par SMS. Pour visualiser les résultats d’une campagne de veille choisissez « Parcourir les résultats ». Vous pouvez ensuite cliquer sur la petite flèche verte qui se trouve à côté de chaque message pour visualiser le contenu dans Reddit. 

Utiliser les flux RSS pour se tenir au courant

Le RSS, ou Really Simple Syndication, est un moyen facile d’obtenir les nouveaux contenus des sites Web ou des blogs qui vous intéressent, le tout en un seul flux. Au lieu de parcourir plusieurs sites chaque jour, il suffit d’installer un lecteur RSS et de vous procurer le contenu le plus récent. 

S’inscrire à Feedly

Il existe plusieurs applications de lecteurs RSS, cependant nous recommandons Feedly pour sa simplicité d’utilisation. Vous devez tout d’abord vous inscrire en tant qu’utilisateur Feedly. Une fois votre compte créé, vous pouvez commencer à créer des flux RSS, organisés selon vos besoins. Vous pouvez sélectionner différents flux pour différents sujets ou créer des flux pour des sources particulières, telles que les autorités gouvernementales ou les sites d’information. Ce que vous choisissez d’inclure dans vos flux dépend entièrement de vous. 

SOURCE: Feedly

Mise en place des flux

Pour mettre en place un flux RSS, rendez-vous sur le site de Feedly, et cliquez sur « Créer un flux ». Il vous sera demandé de trouver un titre au nouveau flux et vous pourrez alors commencer à le remplir avec ce que vous voulez suivre. Le flux vous permet de saisir un site Web, un mot clé ou un lien RSS spécifique. 

Suivre un site Web

Si vous souhaitez voir la totalité des nouveaux contenus d’un site Web sur votre flux, choisissez le site qui vous intéresse, cliquez sur le bouton « Suivre » et ajoutez-le au flux concerné. 

SOURCE: Feedly

Suivre une phrase ou un mot clé

La fonction des mots clés est comparable à celle des alertes Google. Vous pouvez donc choisir cette option si vous souhaitez que toutes les mentions d’un mot clé ou d’un ensemble de mots clés soient transmises à votre flux. Si vous vous intéressez à une phrase concrète, assurez-vous de l’écrire en la mettant entre guillemets. 

Grâce à des alertes par mot clé, vous pouvez également suivre les mentions d’une publication, d’une personne ou d’un thème, quel que soit le site Web qui l’a publié. 

Suivre un lien RSS

Si vous inscrivez un site Web qui vous intéresse, mais qui n’apparaît pas dans Feedly, vous pouvez ajouter /RSS à la fin de l’URL et saisir ce lien dans Feedly pour l’ajouter à vos flux RSS personnalisés. 

Repérer les schémas et les modèles

Nous n’avions jamais vu un seul sujet de portée mondiale où la même mésinformation avait traversé les frontières en temps réel. Pendant les élections, nous observons que les mêmes techniques sont employées. Par exemple, l’astuce consistant à faire circuler des informations avec la mauvaise date d’élections a été observée dans presque tous les pays. Une fois que les acteurs malveillants comprennent qu’une astuce fonctionne, il leur est plus facile de réutiliser l’idée que de partir de zéro et de risquer l’échec. La même chose se produit avec le coronavirus. Nous continuons d’observer les mêmes schémas et les mêmes types de contenu qui voyagent d’un pays à l’autre lorsque les gens partagent des informations. Ces schémas deviennent des « modèles » qui sont répliqués dans toutes les langues et sur toutes les plateformes.

Bien que l’on retrouve ces exemples de « modèles » sur toutes les plateformes, beaucoup de ces modèles copiés-collés se multiplient sur des applications de messagerie fermées et des groupes Facebook en cette période de pandémie de coronavirus. Il est donc difficile d’avoir une véritable idée de l’ampleur de ces messages, mais, fait intéressant, nous voyons de nombreuses personnes utiliser des formulations et des images similaires.

Le problème est que la plupart de ces histoires contiennent une part de vérité : cela leur permet de se propager plus rapidement car il est plus difficile de déterminer quelle partie de l’information est fausse. Qu’il s’agisse d’escroqueries, de canulars ou d’une même vidéo partagée avec le même contexte erroné (mais traduit), vous devez faire attention.

Confinements

Partout dans le monde, des inquiétudes se répandent à propos des couvre-feux militaires imminents, des quarantaines nationales et de la mise en place de la loi martiale à la suite d’annonces de diverses ordonnances de confinement à domicile. Les différents pays ont des règles différentes et parfois même certaines villes ont adopté différentes ordonnances à différents moments. Cela entretient la confusion générale et incite les gens à partager des informations pour s’assurer que leurs proches sont en sécurité et qu’ils sont préparés. 

Par exemple, plusieurs chaînes et groupes Telegram ont partagé des vidéos montrant des chars dans des trains, des Humvees et d’autres véhicules militaires traversant des villes. Une chaîne Telegram populaire qui compte des milliers d’abonnés a partagé une vidéo affirmant qu’elle possédait un enregistrement du « déploiement militaire à New York ». Cependant, le créateur de la vidéo indiqué qu’il était au FedEx Field, qui se trouve à Washington, D.C.

Nous avons vu le même type de vidéos partagées sur les réseaux sociaux en Irlande montrant des chars dans la rue, des barrages de police et de l’armée vers la mi-mars. Les vidéos étaient le plus souvent anciennes et re-publiées en ligne hors contexte, ou elles concernaient des accidents de la route où la police se rendait sur place. C’est parce qu’elles font écho à différents récits de la situation dans d’autres pays que les gens les ont partagées à nouveau, afin de se prévenir mutuellement de ce qui allait peut-être se passer. 

Les gens essaient de se protéger mutuellement, c’est pourquoi il existe des versions similaires de rumeurs de confinement demandant aux gens de faire des stocks de provisions et de se tenir prêts. 

Cependant, ces messages omettent des informations essentielles et exploitent les peurs des gens. En réalité, dans de nombreuses villes en période de confinement, de nombreux magasins essentiels sont toujours ouverts, les gens peuvent sortir pour faire de l’exercice ou acheter de la nourriture, et les messages demandant aux gens d’être préparés ne font qu’alimenter la peur. 

Sur Facebook, dans une publication virale, une influenceuse de maquillage italienne a déclaré à deux millions de followers que les Américains faisaient la course pour acheter des armes à New York et dans d’autres grandes régions métropolitaines et qu’elle avait « fui » la ville par peur pour sa sécurité.

Alors que les pays et les villes du monde entier prennent leurs propres mesures, nous observons encore et toujours le même type de réaction en ligne. Les gens se demandent comment rester en sécurité et se préparer. 

Parfois, la confusion est liée à l’absence d’information qui existe entre le moment où les gens commencent à observer des choses autour d’eux et le temps qu’il faut aux gouvernements et aux institutions pour expliquer ce qui se passe. 

Une publication sur les réseaux sociaux signalant la présence d’avions militaires à l’aéroport de Londres le 25 mars 2020.

Une publication Twitter de l’armée britannique à Londres expliquant la présence de véhicules militaires dans la rue le 27 mars 2020.

Si vous voyez quelque chose qui vous semble suspect, vérifiez avec votre moteur de recherche. Il est très probable que le même contenu ait été démystifié par un vérificateur d’information ou une rédaction dans une autre partie du monde. Buzzfeed propose une liste très complète de canulars et de rumeurs que vous pouvez trouver ici. 

L’éthique de la veille des groupes fermés

Alors que cette pandémie se propage à travers le monde, nous voyons beaucoup de conversations liées au virus qui se propagent au sein des groupes et des canaux de messagerie privés. Cela peut être dû au fait que les gens se sentent moins à l’aise pour partager des informations dans les espaces publics à un moment comme celui-ci, ou qu’ils se tournent vers des sources qu’ils pensent connaître et auxquelles ils font confiance en cette période de montée de la peur et de la panique.

L’une des conséquences de ce changement est que les rumeurs circulent dans des espaces qu’il est impossible de suivre. Beaucoup de ces espaces sont accessibles uniquement sur invitation ou disposent d’un cryptage de bout en bout, donc même les entreprises qui en sont à l’origine ne savent pas ce qui y est partagé.

Cependant, existe-t-il un intérêt public justifiant que les journalistes, les vérificateurs d’informations, les chercheurs et les responsables de la santé publique rejoignent ces espaces pour comprendre quelles rumeurs circulent afin de pouvoir les démystifier ? Est-il éthique d’écrire sur les informations que l’on trouve dans ces espaces ?

La veille du contenu de ces espaces fermés comporte des défis éthiques, sécuritaires et même juridiques, comme le souligne le guide essentiel des groupes fermés de First Draft. Voici un bref résumé basé sur certaines des questions clés que les journalistes devraient considérer :

Devez-vous faire partie d’un groupe privé pour faire des recherches sur le coronavirus et écrire à ce sujet ?

Essayez de trouver vos informations dans des espaces en ligne ouverts tels que des pages Facebook avant de rejoindre un groupe fermé. 

Quelle est votre intention ?

Cherchez-vous des rumeurs sur les remèdes et les traitements, des sources d’un hôpital local ou des pistes sur la réponse du gouvernement face au virus ? Ce sur quoi vous cherchez à enquêter détermine le type d’informations à rechercher et les canaux ou groupes à rejoindre.

Quelle part de vos propres informations allez-vous révéler ?

Certains groupes Telegram veulent que les participants ne se cachent pas, et certains groupes Facebook vous posent des questions auxquelles vous devez répondre avant de pouvoir les rejoindre. Combien d’informations partagerez-vous honnêtement ? 

Combien d’informations issues de ces sources privées partagerez-vous ?

Les gens cherchent des réponses parce qu’ils ont peur. Si le groupe pose des questions sur le confinement et les interdictions nationales de voyager et que les réponses partagées créent la panique et la peur, comment allez-vous les partager publiquement ? Réfléchissez à nouveau à vos intentions et vérifiez si les attentes de cette communauté en matière de confidentialité sont raisonnables avant de partager des captures d’écran, des noms de groupe et des identifiants personnels tels que les noms d’utilisateur. La publication ou la diffusion de ces messages nuira-t-elle à la communauté que vous surveillez ?

Quelle est la taille du groupe fermé que vous souhaitez rejoindre ?

Facebook, WhatsApp, Discord, WeChat et Telegram ont des groupes et des canaux de tailles différentes. La quantité de contenu partagé dépend davantage du nombre d’utilisateurs actifs que du nombre total d’utilisateurs. Observez la réactivité du groupe avant de le rejoindre.

Si vous cherchez à publier une histoire avec les informations recueillies, ferez-vous connaître vos intentions ?

Réfléchissez à la façon dont ce groupe peut réagir face à un journaliste et à la quantité d’informations exposant l’identité des membres que vous êtes prêt-e à publier.

Si vous révélez vos intentions, risquez-vous d’attirer sur vous une attention non désirée ou des insultes ?

Le guide essentiel de First Draft sur les applications de messagerie fermées montre que les journalistes de couleur et les femmes, par exemple, peuvent faire face à des problèmes de sécurité supplémentaires lorsqu’ils et elles rejoignent des groupes potentiellement hostiles. Si vous décidez d’entrer dans le groupe en utilisant votre véritable identité, à qui divulguerez-vous ces informations ? Juste à l’administrateur ou au groupe entier ?

Quelle part de vos processus et procédures de collecte d’informations partagerez-vous ?

Révéler votre méthodologie encouragera-t-il d’autres personnes dans des groupes privés à obtenir des « scoops » à partir de mésinformation ? Cela aura-t-il un impact négatif sur ces communautés et poussera-t-il les gens vers des groupes plus secrets ? Aurez-vous besoin de quitter le groupe après la publication, ou continuerez-vous à écrire sur ce qui s’y passe ? 

En fin de compte, les gens cherchent des réponses partout où ils peuvent les trouver. En tant que journalistes, il est important de combler ces vides informationnels avec des faits et des informations actualisées provenant de sources crédibles. La question est de savoir comment contacter les leaders de ces communautés avec des informations de qualité, afin que moins de rumeurs et de mensonges ne se propagent dans ces espaces fermés.

Les sources d’informations fiables sur le coronavirus

La surabondance d’informations sur l’épidémie de coronavirus rend la recherche de sources et de conseils fiables difficile pour ceux qui en ont besoin. Il est essentiel de savoir vers qui se tourner pour obtenir des conseils crédibles. C’est pourquoi nous vous proposons une liste de sources fiables.

Rappelez-vous, toutes les recherches ne se valent pas. Même si un fait est présenté sous forme de graphique ou de tableau, les données qui le composent ne sont pas nécessairement fiables. 

Reuters a examiné les études scientifiques publiées sur le coronavirus depuis le début de l’épidémie. Sur les 153 études qu’ils ont identifiées, 92 d’entre elles n’ont pas fait l’objet d’un examen par des pairs, malgré la présence de certaines affirmations relativement étranges et non vérifiées, comme le lien entre coronavirus et VIH ou la transmission du serpent à l’homme. Le problème de la « science express », comme l’appelle Reuters, c’est qu’elle peut inciter les gens à paniquer ou prendre de mauvaises décisions politiques avant que les données aient été correctement étudiées.

SOURCE : Reuters, 2020. La science express : les risques de diffuser rapidement des études sur le coronavirus

Here are some of the best places to go for reliable advice and updates:

Les ministères et les instances gouvernementales

Ces organismes gouvernementaux publient des actualités sur le nombre de cas de coronavirus, les mesures du gouvernement, les conseils de santé publique et les contacts avec les médias :

Les OING et ONG

Les organisations non gouvernementales offrent des données et des recommandations mondiales et régionales sur le coronavirus :

Institutions universitaires

Ces organisations et institutions proposent des études et des données sur le coronavirus, ainsi que des commentaires d’experts.

La nécessité d’un scepticisme émotionnel

Les gens aiment avoir le sentiment d’appartenir à une « tribu ». Cette tribu peut être composée de membres du même parti politique, de parents qui ne vaccinent pas leurs enfants, de militants préoccupés par le changement climatique ou de personnes appartenant à une certaine religion, race ou ethnie. En ligne, les gens ont tendance à se comporter conformément à l’identité de leur tribu, et l’émotion y joue un grand rôle – en particulier lorsqu’il s’agit de partager des informations. 

Les neuroscientifiques savent que nous sommes plus susceptibles de retenir les informations qui font appel à nos émotions : les histoires qui nous mettent en colère, nous rendent tristes, ou qui nous font rire ou peur. Les psychologues sociaux mènent actuellement plus d’expériences pour analyser cette question de l’émotion, et il semble qu’une émotivité accrue influence la tendance à croire davantage les fausses informations. On pourrait dire que la planète entière connaît actuellement une « émotivité accrue ».

Les histoires fausses et trompeuses se répandent comme une traînée de poudre parce que les gens les partagent. Les mensonges peuvent être très chargés émotionnellement. Ils ont également tendance à contenir une part de vérité plutôt qu’à être entièrement inventés. Nous assistons de plus en plus à une manipulation du contexte : l’utilisation de contenu authentique, mais déformé et recadré. Tout ce qui a une once de vérité est beaucoup plus efficace pour convaincre et toucher les gens. 

En février, un couple australien a été mis en quarantaine sur un bateau de croisière au large des côtes japonaises. Ils ont raconté la suite de leur histoire sur Facebook avec des mises à jour régulières et ils ont déclaré un jour avoir commandé du vin à l’aide d’un drone. Les journalistes ont commencé à rapporter l’histoire et les gens l’ont partagée. Le couple a admis plus tard qu’il s’agissait d’une blague pour leurs amis.

Cela peut sembler anodin, mais le partage irréfléchi de fausses allégations peut saper la confiance de manière générale. Et en ce qui concerne les journalistes et les rédactions, si les lecteurs ne peuvent pas vous faire confiance pour les petites choses, comment peuvent-ils vous faire confiance pour les choses importantes ? Un certain degré de scepticisme émotionnel est donc essentiel. Peu importe votre expérience en matière de vérification ou vos compétences numériques, peu importe que vous soyez de gauche ou de droite. Les humains sont sensibles à la désinformation. En période de peur et de grande incertitude, personne n’en est à l’abri. C’est pourquoi il est important de comprendre comment une information affecte vos émotions. Si une affirmation vous donne envie de hurler, de crier, de pleurer ou d’acheter quelque chose de manière impulsive, il vaut mieux prendre le temps de respirer profondément.

 

Vérification

Les 5 piliers de la vérification

La vérification peut être un procédé intimidant, mais grâce à la répétition, à la persévérance, à l’utilisation d’outils d’enquête numérique et un peu de créativité, il peut être facilité. Il n’y a pas de recette miracle ou de série d’étapes qui fonctionnent à chaque fois pour vérifier le contenu en ligne. Il s’agit de poser les bonnes questions et de trouver autant de réponses que possible. 

Que vous regardiez une vidéo d’un témoin oculaire, un potentiel deepfake ou un mème, les vérifications de base à exécuter sont les mêmes. Plus vous en savez sur chaque pilier, plus votre vérification sera fiable.

    1. La provenance : S’agit-il du contenu original ?
    2. La source : Qui est à l’origine du contenu original ?
    3. La date : Quand ce contenu a-t-il été publié ? 
    4. Le lieu :  Où ce contenu a-t-il été publié ?
    5. Le mobile: Pourquoi ce contenu a-t-il été publié ?

Établir un flux de travail de vérification

Maintenant que vous savez quelles questions poser, voici trois étapes clés pour tout flux de travail de vérification : 

    1. Documentez chaque information. Il est facile de perdre des informations cruciales. La documentation est une étape importante pour assurer la transparence de votre vérification. Prenez des captures d’écran ou utilisez un service de sauvegarde comme Wayback Machine. 
    2. Créez une boîte à outils. Gardez des listes d’outils, ajoutez-les à vos favoris et partagez-les avec vos collègues. Ne perdez pas de temps à essayer de vous rappeler comment s’appelle tel site Web qui permet des recherches d’images inversées. Nous avons créé un kit de vérification que vous pouvez ajouter à vos favoris. 
    3. N’oubliez pas de décrocher votre téléphone.. Le journalisme analogique « à l’ancienne » peut parfois être le moyen le plus rapide de vérifier quelque chose. 

La vérification est vitale mais faites attention aux « terriers de lapins ». Vérifier des informations ne prend souvent que quelques minutes, mais parfois, cela peut vous conduire sur un chemin sans fin. Sachez quand il est temps d’abandonner la poursuite. 

Vérifiez les images grâce à la recherche d’images inversées

Une image vaut mille mots, et en matière de désinformation, elle peut aussi valoir mille mensonges. L’un des types de mésinformation les plus courants que nous observons chez First Draft ressemble à cela : de vraies photos ou vidéos, non modifiées, mais qui sont partagées pour nourrir un narratif particulier.

En quelques clics, vous pouvez vérifier ces types d’images lorsqu’elles sont partagées en ligne et dans des groupes de messagerie. 

De la même manière que vous cherchez des faits et des affirmations sur Google, vous pouvez demander à un moteur de recherche de rechercher des photos similaires et même des cartes sur Internet pour vérifier si elles ont déjà été utilisées. C’est ce qu’on appelle la « recherche d’image inversée » et elle peut être réalisée avec des moteurs de recherche comme Google, Bing, le site Web russe Yandex ou d’autres bases de données telles que TinEye.

En janvier, des publications Facebook partagées des milliers de fois contenaient une photo (voir ci-dessous) et prétendaient que les personnes sur la photo étaient des victimes du coronavirus en Chine. Un rapide coup d’œil à l’architecture montrait qu’elle avait l’air très européenne, ce qui aurait dû éveiller les soupçons. Ensuite, si nous prenons l’image, que nous l’envoyons a un moteur de recherche d’images inversée et que nous recherchons les sites où elle a déjà été publiée, nous trouvons l’original de 2014. Il s’agit d’une image, publiée à l’origine par Reuters, dans le cadre d’un projet artistique à Francfort, qui montrait des gens gisant dans la rue en mémoire des victimes d’un camp de concentration nazi.

Une photographie d’un projet artistique de 2014 en Allemagne qui a été partagée sur Facebook en 2020 pour affirmer à tort que les personnes sur la photo étaient des victimes du coronavirus en Chine.
SOURCE: Kai Pfaffenbach Reuters

Voici quelques outils que vous pouvez utiliser :

  • Sur ordinateur : Le plug-in RevEye vous permet de rechercher n’importe quelle image sur Internet sans quitter votre navigateur.
  • Sur téléphone : TinEye vous permet de faire la même chose sur votre téléphone 

Le processus complet ne prend que quelques secondes, mais il est important de faire une vérification à chaque fois que vous voyez quelque chose de choquant ou de surprenant.

Utiliser la géolocalisation pour déterminer où une photo ou une vidéo a été prise

Sur la plupart des réseaux sociaux, lorsque vous mettez en ligne une publication, une image ou une vidéo, il vous sera demandé où vous êtes. Le site pourra vous aider en utilisant le GPS de votre téléphone et en suggérant votre position. Mais vous pouvez ignorer cette suggestion. Cela signifie que chaque fois que vous voyez un message sur les réseaux sociaux, vous ne pouvez pas vous fier au lieu indiqué. Vous devez donc faire votre propre enquête.

Nous avons tous de puissantes compétences d’observation, qui, combinées à un peu de recherche sur Google, peuvent nous aider à déterminer rapidement si une photo est ce qu’elle prétend être. Prenez le tweet ci-dessous du New York Post. Il s’agit du premier cas de diagnostic confirmé de coronavirus à Manhattan. Alessandra Biaggi, une sénatrice américaine qui représente la région, a rapidement souligné que la photographie utilisée avait été prise dans le Queens. Comment le savait-elle?

Dans ce cas, nous pouvons utiliser les panneaux de signalisation et les enseignes des boutiques sur la photo pour retrouver cet endroit sur une carte. Recherchez « Duane Reade » « Main Street » « New York » et vous aurez trois options.

SOURCE: GOOGLE.COM

Flushing dans le Queens est un bon point de départ car c’est un quartier très diversifié. En tapant Main Street Duane Reade dans Google Maps, vous pouvez déposer le petit homme jaune dans les rues pour passer à la version Street View. De là, vous pouvez voir les mêmes bâtiments du même point de vue que le photographe.

Si la photo est à l’extérieur, recherchez des indices dans l’architecture, les panneaux de signalisation, ce que les gens portent, de quel côté de la route roulent les voitures, les noms des commerces, etc. Que pouvez-vous rechercher et vérifier ? Pouvez-vous rechercher les commerces ? Pouvez-vous trouver ce même endroit sur une carte ?

Si la photo est prise à l’intérieur, vous pouvez regarder les prises murales, la langue des affiches, la météo et ce qui passe à la télévision. 

Pour exercer vos compétences d’observation, relevez notre défi d’observation interactif. Et si vous êtes un pro, essayez notre défi de géolocalisation avancé.

Vérifier des vidéos à l’aide des vignettes et d’InViD

Chaque fois que vous téléchargez une vidéo sur Internet, une vignette ou une capture d’écran est créée pour en afficher un aperçu. Vous pouvez la modifier manuellement, mais la plupart des gens ne le font pas. De la même manière que pouvez utiliser une recherche d’images inversée pour savoir si une photo a déjà été publiée sur Internet, vous pouvez utiliser les vignettes pour voir si une vidéo a déjà été publiée en ligne. 

Une vidéo montrant des personnes filmées en train de péter devant des caméras thermiques a été réalisée en 2016
SOURCE: Banana Factory

Par exemple, cette vidéo « silencieuse mais meurtrière » prétendait montrer des gens filmés en train de péter devant des caméras thermiques sensées surveiller la température d’éventuels patients atteints de coronavirus. Mais en recherchant des captures d’écran de la vidéo, vous pouvez constater que l’original est une vidéo de blague de 2016. La vidéo a été créée par un groupe en ligne appelé Banana Factory, qui a ajouté ces « nuages » offensants numériquement avant qu’elle ne soit partagée par des sites Web comme LadBible et Reddit.

Dans le monde entier, des vérificateurs de faits ont étudié des vidéos qui prétendaient faussement montrer les symptômes ou l’impact du coronavirus, qui n’étaient finalement que de vieilles vidéos partagées avec une nouvelle légende. Comme l’a affirmé le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros, ce type d’alarmisme peut avoir un impact plus dangereux sur le monde que la maladie elle-même, car il provoque la panique et entraîne l’épuisement de ressources qui pourraient être mieux utilisées pour faire face aux problèmes du monde réel.

Grâce à la recherche d’images inversée, vous pouvez prendre plusieurs vignettes de n’importe quelle vidéo et vérifier si elle a déjà été publiée sur Internet. Le plug-in de vérification vidéo InVid possède des outils très efficaces pour vérifier les images et les vidéos, et sa section « Salle de classe » est remplie d’autres tutoriels et outils. Donc, avant de partager un clip vidéo dans vos groupes de discussion, vérifiez que vous ne vous êtes pas fait duper. 

Comment vérifier les comptes avec les empreintes numériques

Les réseaux sociaux regorgent actuellement de gens qui prétendent avoir des conseils médicaux fiables. Il existe des moyens de vérifier si quelqu’un est bien la personne qu’elle prétend être grâce à son profil sur les réseaux sociaux. Suivez ces techniques de base d’analyse des empreintes numériques et de vérification des sources en ligne : 

Un exemple et trois règles simples à suivre

SOURCE: twitter.com

Exerçons-nous en vérifiant le profil Twitter d’une professionnelle de santé : Carole Henry. Carole a tweeté sur le Covid-19, et sa biographie affirme qu’elle est « immunologiste des cellules B ».

Mais comment pouvons-nous être sûrs de ses références ? Le profil ne nous donne pas beaucoup d’informations : il n’a pas de coche bleue qui signifie « vérifié », il ne renvoie pas à un site Web professionnel ou universitaire, elle n’a rejoint Twitter qu’en janvier 2020 et elle n’a que 10 tweets.

Avec un peu de recherche, nous pouvons réellement en apprendre beaucoup plus sur elle.

Règle 1 : Faites une recherche d’image inversée de la photo de profil 

Les recherches d’images inversées sont puissantes car elles donnent beaucoup d’informations en quelques secondes. Nous vous recommandons de faire vos recherches d’images inversées avec l’extension RevEye Reverse Image Search, que vous pouvez télécharger pour Google Chrome ou Firefox.

Une fois RevEye installé, cliquez sur la photo de profil de Carole pour l’agrandir. Ensuite, faites un clic droit sur l’image, cliquez sur « Recherche d’image inversée » dans le menu et sélectionnez « Recherche Google ».

Un nouvel onglet devrait apparaître dans votre navigateur. Si vous faites défiler vers le bas, vous trouverez une section utile intitulée « Pages qui incluent des images correspondantes ». Parcourez ces images.

L’un des premiers résultats ressemble à un article de la faculté de médecine de l’Université de Chicago.

SOURCE: University of Chicago

En faisant défiler vers le bas, nous pouvons voir cette même photo de Carole, et une citation qui affirme qu’elle est stagiaire post-doctorale à l’université. En dessous de la photo, il est écrit « Carole Dunand ». C’est une information intéressante que nous pourrons utiliser plus tard.

SOURCE: LinkedIn

Les résultats de la recherche d’images inversée nous conduisent également à un profil Linkedin, qui prétend qu’elle est membre du personnel scientifique de l’Université de Chicago et qu’elle a 10 ans d’expérience en tant qu’immunologiste.

Règle 2 : Vérifier les sources primaires

SOURCE: Google.com

N’oubliez pas la règle d’or du journalisme : vérifiez toujours les sources primaires lorsqu’elles sont disponibles. Dans ce cas, si nous voulons confirmer que Carole Henry est scientifique à l’Université de Chicago, la source primaire serait l’annuaire du personnel de l’Université de Chicago. Une recherche rapide sur Google de « Carole Henry University of Chicago » mène à une page du « Wilson Lab ». La page dispose d’une adresse Web de l’Université de Chicago et la cite également comme membre du personnel.

Règle 3 : Trouver les coordonnées personnelles

SOURCE: http://profiles.catalyst.harvard.edu/

C’est peut-être peu probable, mais il y a toujours une chance que le profil Twitter original que nous avons trouvé soit celui de quelqu’un qui se fait passer pour Carole Henry de l’Université de Chicago. Pour une vérification réellement approfondie, recherchez les coordonnées de la source afin de pouvoir la contacter.

Vous vous souvenez de cet autre nom que nous avons trouvé – « Carole Dunand » ? Une recherche de « Carole Dunand University of Chicago » mène directement à un autre annuaire du personnel, cette fois-ci avec son adresse e-mail.

Voici d’autres questions qui vous aideront à vérifier les comptes

  • Quand le compte a-t-il été créé ? 
  • Peut-on trouver cette personne ailleurs en ligne  ?
  • Qui d’autre suit-elle ?
  • Y a-t-il d’autres comptes avec le même nom ?
  • Peut-on trouver ses coordonnées personnelles ?
  • A verification case study

Here we take a look at a case study involving a video posted on Twitter that claims to show an Italian coronavirus patient escaping from a hospital. We discover that the clip is not all it seems by applying our verification process and the five pillars of provenance, source, date, location and motivation. {no translation}

 

Journalisme

Comprendre les points de bascule

Lorsque vous voyez de la mésinformation et de la désinformation, votre premier réflexe peut être de les démystifier immédiatement – révéler le mensonge, dire au public ce qui se passe et expliquer pourquoi c’est faux. Mais signaler de la mésinformation peut être délicat. Notre cerveau fonctionne d’une telle manière qu’il est difficile de nous souvenir de ce qui est vrai ou faux. Des études expérimentales ont montré à quel point il était facile pour les gens d’affirmer que quelque chose était faux, puis d’affirmer le contraire lorsqu’ils étaient interrogés sur le même sujet plus tard. Il existe des bonnes pratiques en matière de rédaction des titres et de démystification des contre-vérités, que nous explorons dans la section suivante. Malheureusement, même des reportages bien intentionnés peuvent mettre de l’huile sur le feu et offrir une plus grande exposition à un contenu qui aurait en temps normal disparu de lui-même. Comprendre le point de bascule est crucial pour savoir à quel moment démystifier. 

La trompette d’amplification

L’illustration ci-dessous est un rappel visuel de la façon dont les faux contenus peuvent circuler d’une plateforme sociale à l’autre. Ils peuvent partir de groupes de discussion anonymes comme 4Chan et transiter via des canaux de messagerie privés sur Telegram, WhatsApp et Twitter. Ils peuvent ensuite se propager dans des communautés de niche, dans des espaces comme Reddit et YouTube, puis sur les plateformes de réseaux sociaux les plus populaires. De là, il peuvent être récupérés par des journalistes qui leur offrent un écho supplémentaire, soit en démystifiant soit en rapportant les fausses informations. 

Comme Alice Marwick et Rebecca Lewis l’ont noté dans leur rapport de 2017,  Media Manipulation and Disinformation Online (La manipulation des médias et la désinformation en ligne), « pour les manipulateurs, peu importe si les médias écrivent une histoire afin de la démystifier ou de la rejeter ; l’important est qu’on en parle. »

Whitney Phillips, professeure à l’Université de Syracuse, a également publié une analyse sur la façon de couvrir les informations problématiques en ligne. Elle explique dans son rapport  The Oxygen of Amplification : Better Practices for Reporting on Extremists, Antagonists, and Manipulators Online(L’oxygène de l’amplification : les bonne pratiques pour rapporter des faits d’extrémistes, d’antagonistes et de manipulateurs en ligne) : 

« Que des citoyens ordinaires contribuent à diffuser des informations fausses, malveillantes ou manipulatrices sur les réseaux sociaux est suffisamment problématique. Mais c’est infiniment plus problématique lorsque des journalistes, dont la voix peut atteindre des millions de personnes, font de même. »

Le point de bascule

Dans tous les scénarios, il n’y a pas de recette miracle. Le simple fait de traiter un sujet comporte toujours un risque d’amplification et les rédactions doivent trouver l’équilibre entre l’intérêt du public pour l’histoire et les conséquences possibles de sa couverture médiatique. 

Nos travaux suggèrent qu’il existe un point de bascule lorsqu’il s’agit de couvrir la désinformation. 

En parler trop tôt…

En parler trop tard…

peut amplifier les rumeurs ou les contenus trompeurs qui auraient pu, en temps normal, disparaître d’eux-mêmes. 

signifie que le mensonge s’enracine et ne peut pas être arrêté – cela devient une “rumeur zombie”, qui ne meurt jamais.

Quelques points clés à retenir sur les points de bascule :

  • Il n’y a pas de point de bascule unique – Le point de bascule peut être mesuré lorsque le contenu quitte une communauté de niche et commence à se propager rapidement sur une plateforme ou entre différentes plateformes. Plus vous passez de temps à observer la désinformation, plus le point de bascule devient clair – c’est une autre raison pour les rédactions de prendre la désinformation au sérieux. 
  • Pensez à la propagation – Il s’agit du nombre de personnes qui ont vu un contenu ou interagi avec lui. Il peut être difficile de la quantifier avec les données disponibles, qui ne sont généralement que des partages, des likes, des retweets, des vues ou des commentaires. Mais il est important d’essayer. Même de petites communautés ou des communautés de niche peuvent sembler plus importantes en ligne. Si un contenu suscite un très faible engagement, il ne vaut peut-être pas la peine d’en parler ou de le vérifier. 
  • La collaboration est essentielle – Déterminer le point de bascule peut être difficile, c’est donc une opportunité de collaborer de manière informelle. Les différentes rédactions peuvent comparer leurs préoccupations en matière de choix de couverture médiatique. Trop souvent, les journalistes couvrent les rumeurs de peur qu’elles ne soient « récupérées » par des concurrents – ce que cherchent précisément les agents de désinformation.

Quelques questions utiles pour vous aider à déterminer le point de bascule :

  1. Quel engouement suscite le contenu ?
  2. Le contenu se propage-t-il d’une communauté à une autre ?
  3. Le contenu se propage-t-il entre les plateformes ? 
  4. Un influenceur l’a-t-il partagé ?
  5. D’autres journalistes et médias d’informations en parlent-ils ?

Déterminer le point de bascule n’est pas une science exacte, mais l’essentiel est de réfléchir à ces éléments avant de démystifier ou de révéler une histoire. 

L’importance des titres

Les titres sont particulièrement importants car ils sont souvent le seul texte de l’article que les lecteurs voient. Dans une étude de 2016, des informaticiens de l’Université Columbia et du Microsoft Research-Inria Joint Center ont estimé que 59 % des liens mentionnés sur Twitter ne sont pas cliqués, ce qui confirme que les gens partagent des articles sans les avoir lus. 

Les rédactions qui couvrent la désinformation devraient rédiger leurs titres avec soin et précision afin d’éviter d’amplifier le mensonge, d’utiliser un vocabulaire accusateur ou de saper la confiance.

Nous partagerons ici quelques bonnes pratiques en matière de rédaction des titres qui serviront à démystifier la mésinformation, tirées du Manuel de démystification des psychologues John Cook, Stephan Lewandowsky et leurs collègues.

PROBLÈME

SOLUTION

L’effet contre-productif de la familiarité.

En répétant les mensonges afin de les corriger, la démystification peut rendre les mensonges plus familiers et donc plus susceptibles d’être acceptés comme des vérités.

Concentrez-vous sur les faits

Évitez de répéter inutilement un mensonge tout en le corrigeant. Dans la mesure du possible, avertissez les lecteurs avant de répéter des mensonges.

L’effet contre-productif de la surabondance.

Plus l’information est facile à traiter, plus elle est susceptible d’être acceptée. Limiter la quantité de détails peut être plus efficace.

Simplifiez

Veillez à ce que votre contenu soit simple, court et facile à lire. 

Utilisez des graphiques pour illustrer vos observations.

L’effet contre-productif de la vision du monde.

Les gens traitent l’information de manière subjective.  Lorsque la démystification menace la vision du monde d’une personne, ceux dont les croyances sont les plus ancrées peuvent devenir plus extrêmes.

Éviter les moqueries

Évitez de tourner en ridicule ou les commentaires désobligeants.  Formulez la démystification d’une manière qui soit moins menaçante pour la vision du monde d’une personne.

Alternatives manquantes

Cataloguer quelque chose comme faux sans fournir d’explication laisse souvent les gens perplexes. Si un démystificateur ne répond pas à leurs doutes, les internautes continueront à se fier à de mauvaises informations.

Donnez des réponses

Répondez à toutes les questions qui pourraient survenir suite à une démystification.

Utiliser et partager des images avec discernement

Les images sont extrêmement puissantes et doivent être utilisées avec discernement. Il est important de choisir consciencieusement toutes les photos ou images, de les mettre en contexte et d’éviter les images de banques d’images qui pourraient alimenter les stéréotypes. 

Nous devons également réfléchir très attentivement au contexte, en particulier lorsque nous utilisons des publications sur les réseaux sociaux qui contiennent des photos de personnes. Cette image n’était peut-être destinée qu’à un petit nombre de personnes et plus elle est amplifiée et partagée, plus le contexte d’origine se perd. Même des images utilisées par des organes de presse crédibles et soigneusement présentées dans leur contexte peuvent toujours être prises, utilisées hors contexte et diffusées à grande échelle.

Alimenter la xénophobie

Avant d’utiliser une photo d’une personne asiatique portant un masque de protection, par exemple, demandez-vous en quoi cette image est pertinente pour votre sujet. Votre histoire traite-t-elle de personnes asiatiques ? Votre histoire porte-t-elle sur l’efficacité des masques pour prévenir la propagation du virus ? L’Association des journalistes asiatiques américains a publié des recommandations utiles pour éviter d’alimenter la xénophobie et le racisme dans les articles portant sur le Covid-19. 

Provoquer la panique

Il en va de même pour les images qui pourraient provoquer une panique excessive. Une image qui montre des personnes en combinaisons de protection contre les matières dangereuses alarmera-t-elle les lecteurs ? Une image d’une ambulance avec un brancard vide sur le point d’entrer dans une maison générera-t-elle de la peur ? Il est important de réfléchir à l’impact des images utilisées en couverture, à l’heure ou les inquiétudes sur l’impact du virus grandissent.

Voici quelques recommandations à suivre :

  • Évitez les images qui pourraient susciter la panique et utilisez des images qui renforcent les comportements que nous voulons voir imiter.
  • Évitez les images qui reposent sur des stéréotypes
  • Méfiez-vous de l’utilisation de publications et d’images issues des réseaux sociaux qui pourraient avoir un impact significatif sur les personnes impliquées

Combler les vides informationnels

Michael Golebiewski de chez Microsoft a utilisé le terme de « vide informationnel » pour décrire les requêtes de recherche pour lesquelles « les données pertinentes disponibles sont limitées, inexistantes ou profondément problématiques ». 

Golebiewski et Danah Boydde Microsoft Research et Data & Society, estiment que dans les situations d’actualités de dernière minute, les lecteurs se heurtent à un vide informationnel lorsqu’une « vague de nouvelles études qui n’ont jamais été menées auparavant apparaît, alors que les gens utilisent des noms, des hashtags ou d’autres informations » pour trouver des réponses. 

Les rédactions doivent réfléchir aux questions sur le Covid-19 ou aux mots clés que les lecteurs sont susceptibles de rechercher, déterminer qui crée du contenu autour de ces questions et combler les vides informationnels avec un contenu de qualité. 

C’est l’équivalent de l’analyse des sujets les plus recherchés par les gens avec Google Trends. Prenez le problème à l’envers : lorsque les gens posent des questions liées au coronavirus, que trouvent-ils ?

Il est important de comprendre les questions que se posent les lecteurs sur le Covid-19 et de combler les vides informationnels avec du journalisme d’intérêt public. Par exemple, voici une capture d’écran de la page de résultats Google pour la requête « puis-je attraper le coronavirus avec un colis ».

En guise de réponse, les lecteurs trouveront des informations sur les dépenses du Sénat américain dans le cadre du coronavirus, ce qui n’est probablement pas ce qu’ils recherchent.

Utiliser Google Trends pour identifier les questions posées

SOURCE: trends.google.com

Google Trends vous permet de suivre les recherches du public dans le monde entier et de voir le type d’informations et de réponses recherchées par le public. 

Google a élaboré un tableau de bord dédié aux tendances indiquant les informations et les données relatives aux termes de recherche liés aux coronavirus. Lorsque les gens tapent dans la barre de recherche de Google, cela nous donne une idée du type d’informations dont ils ont besoin, de ce qui n’est pas clair et des questions nécessitant une réponse.

We recommend you do some comparison searches as that gives you a sense of interest. So, for example, compare Kim Kardashian with coronavirus lockdown. Here’s an image comparing these two search topics over the past 12 months in the US.

Sachez que vous pouvez effectuer une recherche par pays, et qu’alors, vous verrez le champ d’intérêt de cette recherche selon les régions. Voici un graphique des modèles de recherche en Algérie comparant Kim Kardashian avec « confinement » durant les 7 derniers jours. Vous pouvez voir sous le premier graphique une répartition par région dans le pays.

Prendre soin de votre bien-être émotionnel

La pandémie de coronavirus suscite de l’anxiété pour tous, et les journalistes ne font pas exception. Ceux qui chaque jour doivent lire des articles sur le Covid-19 pour tenir le public informé risquent de ressentir le poids de la surcharge d’informations.

Faire des reportages sur la pandémie est une « attaque en deux temps » dit Bruce Shapiro, Directeur général du Dart Center for Journalism and Trauma. Le reportage en lui-même est traumatisant, dans la mesure où les reporters interrogent les familles des survivants, photographient les victimes et recueillent des données bouleversantes, et cela peut avoir un impact direct sur le plan personnel. « Ces deux facteurs réunis vont rendre le reportage de Covid-19 difficile pour beaucoup de journalistes. »

Selon certaines études, la « tribu résiliente » que représentent les journalistes serait plus apte que la plupart des gens à faire face aux traumatismes, a déclaré M. Shapiro. Mais même dans les meilleures conditions,  ces journalistes risquent de développer des problèmes de santé mentale.

Nous proposons donc ici sept conseils aux journalistes qui couvrent l’épidémie de coronavirus, pour leur permettre de veiller à leur propre équilibre mental et émotionnel :

  1. Soyez conscient des stigmates
  2. Distinguez le travail de la vie privée
  3. Respectez les directives officielles
  4. Contactez régulièrement vos collègues
  5. Établissez un plan de soins personnels
  6. Identifiez vos facteurs de déclenchement et demandez de l’aide
  7. Soyez indulgent envers vous-même

Soyez conscient de la stigmatisation

Le traumatisme indirect est fréquent chez les journalistes qui couvrent des catastrophes, et les cas de stress post-traumatique sont plus nombreux chez les journalistes que dans le reste de la population. Des niveaux de stress élevés et constants réduisent la résistance et la performance et peuvent conduire au surmenage. Mais le fait de parler de santé mentale reste un sujet de stigmatisation. 

« [Le journalisme] est en retard par rapport aux autres milieux professionnels en matière de discussion des questions de santé mentale », déclare Philip Eil, un journaliste indépendant de Providence, Rhode Island, qui a longuement traité du journalisme et de la santé mentale.

Il faut du courage pour faire des reportages, pas de la bravade. Trop souvent, les journalistes prétendent pouvoir faire face à la mort et à la destruction. Cette réaction a créé dans la profession une réticence à discuter de la santé mentale et des émotions.

« Vous êtes un bon journaliste lorsque vous [prenez soin de vous] » – déclare Philip Eil, journaliste indépendant et défenseur de la santé mentale

Selon Eil, « il y a tant de choses qui, dans le journalisme, peuvent rendre une personne en bonne santé, stressée, anxieuse ou déprimée » qui a lui-même connu l’anxiété, la dépression et le surmenage dans le cadre de son travail. « Et ce n’est pas un problème »

Il rappelle aux journalistes que les questions de santé mentale ne constituent pas une illustration de leurs compétences professionnelles. « Sachez que ce travail aura probablement un effet sur vous et acceptez-le, » déclare Eil. « N’avalez pas la stigmatisation toxique et dangereuse qui est omniprésente dans le monde et dans votre profession. »

Distinguez le travail de la vie privée

Les experts conseillent aux personnes souffrant d’anxiété en cette période difficile de se tenir à l’écart des actualités. Pour les journalistes, cela peut sembler presque impossible, mais on peut séparer plus précisément le travail de la vie privée. 

« Avec vos amis ou votre famille, déterminez des moments où les discussions sur le travail sont interdites ou pendant lesquels vous refusez toute discussion au sujet du virus », suggère Rachel Blundy, rédactrice en chef pour AFP Fact Check installée à Hong Kong. Son équipe est à l’avant-garde de la vérification des faits sur la mésinformation concernant le coronavirus, mais elle s’efforce d’évoquer régulièrement avec eux les risques de se laisser submerger par leur travail.

« Je veux que tout le monde sache qu’il peut se déconnecter en dehors du travail » – Rachel Blundy, Rédactrice en chef, AFP Fact Check

« Les soirées et les week-ends sont les vôtres » dit-elle à First Draft. « Désormais, nous n’utilisons que Slack pour les discussions de travail, alors qu’avant nous utilisions WhatsApp Cela a permis de créer une séparation plus nette entre le travail et les loisirs. Je veux que tout le monde sache qu’il peut se déconnecter en dehors du travail. »

Limitez le contenu que vous voyez en dehors des heures de travail. Si vous devez être informé des dernières nouvelles par des alertes sur votre appareil mobile, choisissez un seul média et non une douzaine.

Désabonnez-vous des bulletins d’informations dont la ligne d’objet est alarmiste ou qui vous angoissent lorsqu’ils arrivent dans votre boîte de réception.

Eil estime que le fait de se déconnecter de son travail pendant ses heures de loisirs pour s’occuper de soi « contribue à faire de soi le meilleur journaliste possible. » « Les journalistes veulent rester au courant de leur domaine, mais pour être un journaliste de haut niveau, il faut prendre soin de son esprit et de son corps, sinon, tout s’écroule », déclare t-il à First Draft. “C’est un investissement en vous-même en tant que journaliste.”

Respectez les directives officielles

Les personnes souffrant déjà de troubles mentaux sont particulièrement vulnérables dans les situations d’urgence. Les journalistes déjà sujets à l’anxiété, y compris l’anxiété liée à la santé ou à la contamination, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ou le stress professionnel, risquent d’être fortement touchés par la focalisation mondiale sur le virus.

Du lavage des mains à la désinfection des surfaces et l’interdiction de se toucher le visage, les directives officielles peuvent renforcer les troubles des personnes souffrant de TOC. Il est important de suivre les recommandations officielles pour se protéger et protéger les autres contre le virus, mais il faut aussi savoir qu’il n’est pas nécessaire d’aller au-delà des pratiques recommandées. 

Eil recommande de « connaître les faits essentiels sans trop réfléchir aux symptômes ni aux précautions à prendre. » « Vous voulez être prêt et vigilant, mais vous devez aussi garder la tête froide. »

Le Comité pour la Protection des Journalistes a établi des lignes directrices pour les journalistes sur le terrain afin qu’ils se protègent du coronavirus, et nous vous recommandons de les consulter.

Contactez régulièrement vos collègues

De plus en plus de pays encouragent la distanciation sociale, les salles de rédaction sont de plus en plus nombreuses à adopter le télétravail. Mais cela implique que les journalistes risquent davantage d’être isolés tout en travaillant plus que jamais sur un dossier au rythme effréné. 

« L’isolement social est un facteur de risque de détresse physiologique, et les liens sociaux ainsi que le soutien des collègues sont parmi les facteurs de résilience les plus importants » déclare M. Shapiro à First Draft, citant des recherches sur les journalistes couvrant les événements traumatisants.

Selon Eil, les rapports entre collègues représentent une des meilleures ressources dont disposent les journalistes à l’heure actuelle. Pour beaucoup d’entre nous qui avons des amis, des conjoints qui ne sont pas journalistes et qui ne comprennent pas le genre de stress exact que nous subissons, il peut être très thérapeutique de parler à des collègues qui savent ce que nous faisons.

Lorsque vous le pouvez, parlez avec vos collègues et dites-leur si vous vous sentez stressé. Essayez de parler de quelque chose qui n’a aucun rapport avec le sujet, ou demandez aux autres comment ils se sentent. En ce qui concerne les journalistes indépendants ou ceux qui ne disposent pas d’un réseau de collègues, Eil affirme qu’il serait heureux de discuter de ces questions avec tous ceux qui le contactent.

Établissez un plan de soins personnels

Pour préserver votre équilibre mental dans ces moments difficiles, il est essentiel de disposer d’un plan de soins personnels. Ça commence par les points essentiels : dormez suffisamment, déconnectez-vous avant l’heure du coucher, mangez comme il faut et faites de l’exercice. 

En dehors des heures de travail, faites tout votre possible pour penser à autre chose. Laissez votre téléphone de coté, pratiquez un loisir, lisez un livre, regardez la télévision, méditez, écrivez dans votre journal, prenez un bain ou fréquentez des gens, même si ce n’est que par le biais d’appels vidéo.

« Que votre sujet de prédilection soit le coronavirus ou non… chaque journaliste a besoin d’un régime de soins personnels pour surmonter cette période », a déclaré M. Shapiro du Dart Center. « Nous devons prendre soin de nous afin de bien faire notre boulot. »

Il faut privilégier les soins personnels, ajoute Eil. « Les journalistes manquent tellement de temps, mais prenez des mesures concrètes pour prendre soin de vous, et tentez de les intégrer dans votre emploi du temps comme éléments non négociables. »

Bien que ce soit difficile puisque le sujet domine la plupart des conversations, évitez tant que possible de trop parler de la crise avec votre famille et vos amis. Si vous vous sentez anxieux, mettez le groupe WhatsApp en sourdine.

« Chaque journaliste a besoin d’un régime de soins personnels pour surmonter cette période »– Bruce Shapiro, Directeur général de Dart Center for Journalism and Trauma

Dans le cadre du travail, M. Shapiro recommande de séparer les reportages en plusieurs étapes successives afin d’éviter de se sentir dépassé par les événements. Mme. Blundy suggère aussi que les journalistes consacrent du temps à lire d’autres choses au cours de la journée. « À Hong Kong, nous prenons des pauses régulières et nous essayons de ne pas faire trop d’heures supplémentaires », a-t-elle déclaré. Dans la mesure du possible, prenez une heure entière à l’heure du déjeuner pour faire quelque chose qui n’a rien à voir avec le travail.

Bien que cela semble plus difficile pour de nombreux journalistes, il est conseillé de passer moins de temps sur Twitter. « C’est inutile et vous aurez l’impression de travailler constamment, même quand vous n’êtes pas censé le faire », a déclaré Mme. Blundy.

Un aperçu des suggestions de lecture de  @phileil– pour soulager l’anxiété pendant les périodes de troubles et/ou de quarantaine. (Ce sont mes préférées, et je serais heureux de connaître vos recommandations !)

1. @matthaig1‘s “Notes on a Nervous Planet.” https://t.co/p5XICY6IB4

— Philip Eil (@phileil) 11 mars 2020

Un dernier conseil : avoir un indicateur net pour indiquer la fin de la journée de travail ; aspergez-vous le visage avec de l’eau, prenez en main votre instrument de musique, allez vous promener ou faire du jogging, rédigez un résumé de votre journée…faites ce que vous pouvez pour vous déconnecter mentalement. « Nous avons besoin de rituels précis qui indiquent que la journée de travail est terminée » ajoute M. Shapiro.

Identifiez vos facteurs de déclenchement et demandez de l’aide

« Tous les journalistes devraient réfléchir aux causes et aux signes de stress qui leur sont propres », ajoute M. Shapiro. Réfléchissez ou notez les habitudes que vous adoptez lorsque vous vous sentez stressé ou anxieux. Ainsi, si vous commencez à perdre pied, vous pouvez consulter votre plan de soins personnels, parler à un proche ou demander de l’aide professionnelle. 

« Si l’on souffre déjà de troubles obsessionnels-compulsifs, d’anxiété, de troubles bipolaires ou autres, il faudra peut-être prévoir des protections supplémentaires et des sources d’aide pour se protéger », ajoute M. Shapiro. « Si la thérapie vous a été utile, c’est le moment de parler à quelqu’un. »

Étant donné que la pandémie de coronavirus risque de se poursuivre pendant des mois, Eil recommande également de suivre une thérapie. « Comme elle est empreinte de stigmatisation, les gens pensent que c’est pour les personnes faibles ou atteintes de maladies mentales. Mais c’est vraiment pour mieux se sentir soi-même et être le meilleur journaliste possible. » « Les journalistes sont comme des athlètes de haut niveau. Ne pas avoir de thérapeutes, c’est comme avoir une équipe sportive professionnelle sans entraîneur. »

De nombreux employeurs proposent des services de conseil aux employés, mais si vous n’avez pas cette possibilité, vous pouvez vous adresser à votre médecin traitant ou vous renseigner sur les possibilités d’aide en ligne au niveau local. 

Soyez indulgent envers vous-même

Enfin, il importe de noter que nous vivons une époque sans précédent et que les règles habituelles et les critères d’excellence ne s’appliquent pas toujours. Alors, soyez indulgent envers vous-même et réaliste concernant ce que vous pouvez faire. 

« Les journalistes ont tendance à être des perfectionnistes, ambitieux, des mordus du travail », déclare Eil. « Mais les journalistes doivent faire preuve de compassion envers eux-mêmes. En ces périodes extrêmement stressantes et effrayantes, il est normal d’avoir peur, de se sentir stressé ; c’est une réaction parfaitement normale à une crise vraiment sans précédent. Soyez indulgent avec vous-même car nous vivons des périodes vraiment difficiles. »

Les journalistes devront donc veiller à leur santé mentale afin de couvrir la crise du coronavirus. En suivant les conseils ci-dessus, vous pourrez protéger au mieux votre bien-être émotionnel, afin de vous concentrer sur la diffusion des informations nécessaires au public.

Pour conclure 

Dans le cadre de notre collaboration pour lutter contre le désordre informationnel lié au coronavirus, il est évident qu’il sera plus difficile que jamais de distinguer les faits des informations trompeuses ou inexactes. Nous espérons que ce guide vous aura apporté une meilleure compréhension du phénomène de l’infodémie et qu’il vous aura fourni des outils et des techniques pour vous aider à observer et à vérifier les informations en ligne.

Par ailleurs, nous espérons que vous serez mieux équipé pour prendre soin de vous et préserver votre bien-être mental et émotionnel en cette période exceptionnelle. Enfin, en tant que reporters, chercheurs et journalistes, nous espérons que ce cours vous aidera à fournir des informations fiables à votre public, lorsqu’il en a le plus besoin. 

Continuez à suivre firstdraftnews.org pour consulter les dernières nouvelles et informations. En particulier notre section Ressources pour les journalistes est régulièrement mise à jour avec de nouveaux outils, guides, conseils, foires aux questions, webinaires et autres matériels, afin de vous aider à émettre des informations documentées et à produire des reportages fiables pendant la crise du Covid-19.

Si vous ne l’avez pas déjà fait, vous pouvez garder le contact avec nous grâce à notre bulletin d’information, en anglais, quotidien et hebdomadaire ainsi que sur Twitter, Instagram et Facebook.

Glossaire

Une liste de mots évolutive pour parler de la désinformation

Une erreur commise par beaucoup d’entre nous est que, parce que nous utilisons Facebook et Twitter, il est facile de comprendre et de faire des reportages sur ces plateformes. Nous espérons que ce glossaire illustrera la complexité de cet espace, en particulier dans un contexte mondial. 

Le glossaire comprend 62 mots et vous pouvez utiliser Ctrl + F (Contrôle Find – Rechercher en anglais) pour lancer une recherche dans le contenu ou juste faire défiler le texte vers le bas. 


4chan

Un forum de discussion anonyme créé par Christopher Poole en 2003, également connu sous le nom de « moot » en ligne, inspiré des forums et des réseaux d’échange d’images japonais. Cette plateforme de discussion a depuis pris de l’ampleur et inclut des sujets anodins choisis au hasard, mais aussi la pornographie, le racisme, le sexisme, la masculinité toxique et la coordination des campagnes de désinformation. On attribue à 4chan d’avoir suscité l’intérêt et le partage de mèmes et elle se considère comme une championne de la liberté d’expression anonyme. M. Poole est entré chez Google en 2016. Voici  sa présentation TED talk de 2010 où il explique la création de la plateforme et en quoi elle est essentielle à la liberté d’expression. 


Amplification

Lorsque le contenu est partagé en masse sur le web social, ou lorsque les médias grand public accordent leur attention ou apportent de l’énergie à une rumeur marginale ou à une conspiration. Le contenu peut être amplifié de manière organique, par des efforts coordonnés provenant de communautés motivées et/ou des « bots », ou par des annonces payantes ou des « boosts » sur les plateformes sociales. Rory Smith et Carlotta Dotto de First Draft ont rédigé un guide sur la science et la terminologie des bots. 


Amplification et moteurs de recherche

Il arrive que des malfaiteurs en ligne aient pour objectif de créer et de diffuser des campagnes de complot. Ils cherchent à manigancer par inadvertance les moteurs de recherche en incluant des mots et des phrases extraits de certains forums de discussion et en essayant de créer et de diriger des tendances et d’offrir une visibilité maximale aux mouvements et idéologies marginaux et souvent toxiques. Consultez la section conseils aux journalistes de Data & Society « The Oxygen of Amplification. » Le rapport entier est un must pour tout journaliste en activité.


Algorithme

Dans le domaine des plateformes sociales et de recherche, les algorithmes offrent un mécanisme de classement et de filtrage du contenu que les utilisateurs voient sur un « flux d’informations » ou une page de résultats de recherche. Les algorithmes sont sans cesse modifiés pour prolonger le temps que l’utilisateur passe sur une plateforme. Le mode de fonctionnement d’un algorithme est l’un des aspects les plus secrets des plateformes sociales et de recherche ; il n’existe aucune transparence pour les chercheurs, la presse ou le public. Les professionnels du marketing numérique maîtrisent parfaitement les modifications apportées à l’algorithme et ce sont ces tactiques – utilisation de vidéos, de « dark posts », de pixels de traçage, etc. — qui conviennent aussi bien aux campagnes de désinformation et aux délinquants.


Forums de discussion anonymes

Une plateforme de discussion qui n’oblige pas les personnes qui postent à révéler publiquement leur vrai nom par un identifiant ou un nom d’utilisateur, comme Reddit, 4chan, 8chan, et Discord. Le principe de l’anonymat permet des discussions parfois plus honnêtes, mais qui peuvent aussi devenir toxiques, et cela souvent sans répercussion pour la personne qui poste. Conseil en matière de reportage : comme dans le cas de 4chan, si vous choisissez d’inclure des captures d’écran, des citations et des liens vers la plateforme, sachez que les rapports diffusés qui contiennent de telles informations risquent de favoriser le recrutement sur la plateforme, d’amplifier les campagnes visant à attaquer les journalistes et les organismes de presse ou à semer la zizanie et la confusion, et de créer par inadvertance des termes de recherche/provoquer la recherche de contenus problématiques.


Analytique (également appelée « métriques »)

Des chiffres qui se cumulent sur chaque identifiant social et chaque poste, et qui sont parfois utilisés pour analyser la « portée » ou la mesure dans laquelle combien d’autres personnes auraient pu voir un poste ou s’y engager. 


API

Une API ou interface de programmation d’application est une interface permettant d’échanger ou de recevoir des données d’un outil Web ou d’une autre application. La plupart des gens qui tentent d’examiner la source et la propagation des informations polluées dépendent de l’accès aux API des plateformes sociales, mais toutes ne sont pas créées de la même manière et le volume des données disponibles au public varie d’une plateforme à l’autre. L’API de Twitter, ouverte et facile à utiliser, a favorisé la recherche et l’investigation sur son réseau ; c’est la raison pour laquelle vous verrez plus souvent des recherches effectuées sur Twitter que sur Facebook. 


Intelligence artificielle (« IA »)

Des logiciels qui sont « formés » pour régler les problèmes. Ces programmes « apprennent » à partir des données qu’ils analysent, adaptant les méthodes et les réponses de manière à maximiser la précision. A mesure que la désinformation gagne en ampleur et complexité, certains considèrent l’IA comme étant un moyen efficace de détecter et de contrôler le contenu, comme l’organisation brésilienne de vérification des faits Aos Fatos’s chatbot Fátima, qui répond aux questions du public en vérifiant les faits via Facebook Messenger. L’IA peut également contribuer au problème des « deep fakes » et favoriser les campagnes de désinformation qui peuvent être ciblées et personnalisées beaucoup plus efficacement.² Conseil en matière de reportage : WITNESS has led the way pour comprendre et se préparer aux « Média synthétiques » et « hyper-trucages .» Consultez également le rapport de Sam Gregory de WITNESS et First Draft « Mal-uses of AI-generated Synthetic Media and Deepfakes: Pragmatic Solutions Discovery Convening. »


Automatisation

Le processus qui consiste à concevoir une « machine » destinée à accomplir une tâche avec peu ou aucune intervention humaine. L’automatisation permet de réaliser des tâches qui prendraient beaucoup de temps à l’homme et les transforme en tâches rapidement accomplies. Par exemple, il est possible d’automatiser la transmission d’un tweet, de façon à ce qu’un humain n’ait pas à cliquer sur « publier ». Les procédés d’automatisation constituent les techniques de base utilisées pour amplifier la désinformation d’une manière efficace. Rory Smith et Carlotta Dotto de First Draft ont rédigé un guide sur la science et la terminologie des bots. 


Requêtes booléennes

Association d’opérateurs de recherche comme « AND », « OR » et « – » qui filtrent les résultats de recherche dans un moteur de recherche, un site web ou une plateforme sociale. Les requêtes booléennes peuvent se révéler utiles pour les sujets que vous suivez au quotidien et lors des  actualités de dernière minute. 


Bots

Comptes de médias sociaux gérés entièrement par des programmes informatiques et conçus pour générer des messages et/ou dialoguer sur un contenu d’une plateforme particulière. Dans le cadre des campagnes de désinformation, on peut utiliser des bots pour attirer l’attention sur des récits trompeurs, pirater les listes de tendances des plateformes et créer l’illusion d’un débat public et d’un certain soutien. Les chercheurs et les techniciens adoptent différentes approches pour repérer les bots, en utilisant des algorithmes ou de simples règles basées sur un nombre de messages par jour. Rory Smith et Carlotta Dotto de First Draft ont rédigé un guide sur la science et la terminologie des bots. 


Botnet

Une collection ou un réseau de bots qui fonctionnent en coordination et sont généralement dirigés par une personne ou un groupe. Les botnets commerciaux peuvent compter des dizaines de milliers de bots.


Commentaires

Commentaires qui sont ajoutés à un poste sur un réseau social et qui sera inclus dans les chiffres d’« engagement » dans le cadre de l’analyse. Conseil en matière de reportage : lorsque vous traitez des sujets polarisants liés à votre sujet de prédilection, ce sont souvent dans les commentaires que vous trouverez des gens à suivre et la terminologie qui pourrait informer vos requêtes booléennes et autres recherches en ligne.


Théories du complot

 La BBC énumère trois ingrédients nécessaires pour expliquer comment et pourquoi une théorie du complot s’installe :

  1. Conspirateur : un groupe comme « un grand groupe pharmaceutique », les francs-maçons, « Skull and Bones », un groupe religieux. Définir la notion d’ennemi et accepter le fait qu’un ennemi soit toujours louche et secret.
  2. Le plan diabolique : même si vous anéantissez le conspirateur, son plan diabolique perdurera avec comme objectif, la domination du monde.
  3. Manipulation de masse : réflexion sur les stratégies et le pouvoir dont disposent les conspirateurs pour préserver leur projet sinistre ou leur identité.

Dans le cas du coronavirus, nous assistons à des conspirations relatives à l’origine du virus, par exemple une arme biologique conçue par les Chinois ou un virus créé par Bill Gates dans un laboratoire.


Cyborg

Association de tactiques artificielles et humaines, impliquant généralement une sorte d’automatisation, pour amplifier l’activité en ligne. Conseil en matière de reportage : il s’agit d’une méthode novatrice utilisée par des malfaiteurs pour donner au public l’apparence d’une activité authentique sur un compte social. Dans vos reportages, il est important de distinguer si l’activité en ligne ressemble à un cyborg, un faux-nez (sock puppet), un bot ou s’il s’agit d’un être humain. Tous les comptes rendus prolifiques ne sont pas des bots, mais associer un bot à un cyborg est inexact et pourrait susciter des doutes et des critiques sur votre reportage.


Dark ads

Publicités qui ne sont visibles que par l’éditeur et le public cible. Par exemple, Facebook permet aux agences de publicité de créer des messages qui touchent des utilisateurs précis en fonction de leur profil démographique, de leurs préférences en matière de pages et de leurs centres d’intérêt, mais qui ne sont pas visibles par le public. Ce type de messages ciblés coûte de l’argent et est donc considéré comme une forme de publicité. Ces messages n’étant vus que par une partie du public, ils sont difficiles à contrôler ou à suivre.


Deepfakes

Médias fabriqués à l’aide de l’intelligence artificielle En intégrant divers éléments de fichiers vidéo ou audio existants, l’IA permet de créer relativement facilement de ” nouveaux ” contenus, dans lesquels les individus semblent prononcer des mots et faire des actions qui ne sont pas fondées sur la réalité. Bien que ce type de médias synthétiques n’en soit qu’à ses débuts, nous en verrons probablement des exemples utilisés plus fréquemment dans les campagnes de désinformation, à mesure que ces techniques se perfectionneront. Conseil en matière de reportage :  WITNESS has led the way pour comprendre et se préparer aux « Média synthétiques » et « deepfakes.» Consultez également le rapport de Sam Gregory de WITNESS et First Draft « Mal-uses of AI-generated Synthetic Media and Deepfakes: Pragmatic Solutions Discovery Convening. »


Deplatform

Supprimer un compte d’une plateforme comme Twitter, Facebook, YouTube, etc… L’objectif étant de retirer une personne d’une plateforme sociale afin de limiter son influence. Casey Newton écrit qu’il est maintenant « prouvé que si l’on déloge continuellement les personnes qui incitent à la haine et leurs sites web à se déplacer continuellement réduit efficacement leur portée à long terme. » 


Discord

Une application lancée en 2015 et destinée principalement à la communauté de joueurs connectés par le biais de conversations tenues sur des « serveurs ». Conseil en matière de reportage : De nombreux serveurs nécessitent une autorisation d’accès et posent des questions avant d’autoriser de nouveaux membres à rejoindre la communauté. Vous devrez, en tant que journaliste, déterminer ce qui vous convient le mieux en termes de réponse aux questions – répondrez-vous honnêtement au risque de ne pas pouvoir accéder au site ou, pire encore, d’être victime de doxxing ? Ou bien resterez-vous vague sans vous représenter comme vous le feriez en personne ? Votre salle de rédaction doit également établir ce que le journaliste peut et ne peut pas faire lorsqu’il inclut des informations publiées par des personnes anonymes en ligne – l’information est-elle utilisée uniquement à des fins d’informations sans attribution/ ni indice de source, établirez-vous un lien direct avec l’information, utiliserez-vous des pseudonymes ? N’oubliez pas que ces lieux peuvent être extrêmement toxiques et que les communautés ont la réputation de menacer et de harceler les gens dans la vie réelle.


Découverte

Méthodes utilisées en combinant des outils et des chaînes de recherche pour trouver des contenus problématiques en ligne et qui peuvent informer et même orienter le reportage. 


Campagnes de désinformation

Un effort coordonné par un seul individu ou un groupe d’individus, d’organisations ou de gouvernements pour fomenter la haine, la colère et le doute chez les individus, dans les systèmes et les institutions. Les malfaiteurs utilisent souvent des techniques et des plateformes de marketing connues pour diffuser des informations toxiques et déroutantes, en particulier lors d’événements cruciaux comme les élections démocratiques. Le but ultime consiste à diffuser des messages dans les médias grand public. 


Compte inactif

Un compte de média social qui n’a pas publié de messages ou qui n’a pas communiqué avec d’autres comptes pendant une longue période. Dans le contexte de la désinformation, cette description désigne les comptes qui peuvent être gérés par des humains ou des bots, et qui restent inactifs jusqu’au moment où ils sont “‘ programmés ” ou qu’on leur demande d’effectuer une autre tâche.¹ Ces comptes dormants sont parfois piratés par des malfaiteurs et programmés pour envoyer des messages coordonnés.


Doxing ou doxxing

Le fait de diffuser des informations privées ou des données d’identification sur un individu en ligne, sans son autorisation. Ces informations peuvent inclure des noms, adresses, numéros de téléphone, photos et autres.¹¹ Le doxing est un exemple de malinformation, consistant à partager publiquement des informations exactes pour causer un préjudice.


Désinformation

Fausses informations délibérément créées ou diffusées dans le but précis de causer un préjudice. En général, les producteurs de désinformation ont des motivations politiques, financières, psychologiques ou sociales.¹²


Cryptage

Processus de codage des données afin qu’elles ne puissent être interprétées que par leurs destinataires. De nombreux services de messagerie répandus comme Signal, Telegram et WhatsApp cryptent les textes, les photos et les vidéos transmis entre les utilisateurs. Le cryptage empêche les gouvernements et autres intrus de lire le contenu des messages interceptés. Le cryptage dissuade également les chercheurs et les journalistes de tenter de contrôler les fausses informations ou la désinformation diffusées sur la plateforme. Alors que de plus en plus de malfaiteurs sont retirés des plateformes et que les messages deviennent plus instables et coordonnés, ces conversations se feront sur des applications de messagerie privées auxquelles les forces de l’ordre, le public, les chercheurs et les journalistes qui tentent de comprendre les motivations et les messages de ces groupes ne pourront plus accéder.


Engagement

Chiffres sur les plateformes, comme Facebook et Twitter, qui indiquent au public le nombre de likes, de commentaires et de partages. Les sociétés de marketing utilisent des services comme Parse.ly, CrowdTangle, NewsWhip, etc. pour déterminer l’intérêt pour une marque ; les salles de rédaction ont commencé à utiliser ces outils pour comprendre l’intérêt et les tendances de leur public, et maintenant certains journalistes les utilisent aussi pour voir quand les messages toxiques et les malfaiteurs pourraient atteindre un point de bascule pour faire un reportage sur un sujet ou développer une histoire. Voir aussi : Trompette d’amplification de Claire Wardle pour une réflexion sur le « point de bascule », c’est-à-dire le moment où suffisamment de personnes ont vu un sujet ou un terme de sorte que le fait d’en parler aide le public à comprendre, plutôt que d’accélérer la portée d’un sujet ou d’un terme en en parlant prématurément.


Facebook Graph Search

Une fonctionnalité qui a duré six ans de 2014 à juin 2019 sur Facebook et qui permettait aux gens et aux investigateurs en ligne de rechercher d’autres personnes sur la plateforme en utilisant des critères tels que les enregistrements, les tags sur les photos, les likes, etc… Cette technologie a permis d’élaborer d’autres outils qui ont mis dans le pétrin plus d’un enquêteur. Le débat éthique a débuté lorsque les défenseurs des droits de l’homme ont affirmé que la technologie empiétait sur la vie privée, et que les enquêteurs et journalistes en ligne se sont demandé comment obtenir de telles informations. Un mouvement de protestation similaire s’est produit parmi les journalistes et la communauté de l’OSINT lorsque Panoramio, appartenant à Google, a fermé ses portes en novembre 2017.


Transparence des publicités sur Facebook

L’effort déployé par Facebook pour créer plus de transparence sur les publicités qui circulent sur la plateforme et à qui elles sont destinées. Vous pouvez désormais effectuer des recherches dans sa base de données de publicités au niveau mondial pour trouver des publicités sur les questions sociales, les élections ou la politique. La base de données peut s’avérer utile pour suivre la façon dont les candidats, les partis et les partisans utilisent Facebook pour micro-cibler les électeurs et pour tester différentes stratégies de messagerie.


Faux adeptes

Comptes de médias sociaux anonymes ou imposteurs créés pour donner une fausse impression de popularité au sujet d’un autre compte. Les utilisateurs de médias sociaux peuvent payer pour obtenir de faux adeptes ainsi que des likes, des vues et des partages factices afin de donner l’impression d’un auditoire plus étendu. Ainsi, un service anglophone offre aux utilisateurs de YouTube un million de vues « de haute qualité » et 50 000 likes pour 3150 dollars.¹ Le nombre d’adeptes peut constituer une mémoire cache pour un profil, ou donner l’impression qu’il s’agit d’un véritable compte.


Désordre informationnel

Une phrase créée par Claire Wardle et Hossein Derakshan pour remettre en contexte les trois types de contenus problématiques en ligne : 

  • Il y a mésinformation lorsque de fausses informations sont partagées, sans que cela ne cause de préjudice. 
  • Il y a désinformation lorsque de fausses informations sont partagées délibérément pour causer un préjudice. 
  • Il y a malinformation lorsque des informations authentiques sont partagées pour causer du tort, le plus souvent en diffusant des informations privées dans la sphère publique.

LinkedIn

Une des rares plateformes américaines autorisées en Chine, LinkedIn peut être un bon point de départ pour établir l’empreinte numérique d’une source en ligne. Bellingcat a publié une fiche de conseils utiles sur la meilleure façon de tirer profit de cette plateforme.


Malinformation

Informations authentiques partagées pour causer du tort. Cela inclut les informations privées ou révélatrices qui sont diffusées pour nuire à une personne ou à sa réputation.


Amplification fabriquée

Lorsque la portée ou la diffusion de l’information est amplifiée par des moyens artificiels. Cela inclut la manipulation humaine et automatisée des résultats provenant des moteurs de recherche et des listes de tendances, ainsi que la valorisation de certains liens ou hashtags sur les médias sociaux.¹ Il existe des tarifs en ligne pour différents types d’amplification, y compris le coût de la génération de faux votes et de fausses signatures dans les sondages et les pétitions en ligne, et le coût du déclassement de contenus déterminés dans les résultats des moteurs de recherche.¹


Mème

La faculté d’identifier un segment très limité de la population, dans ce cas sur une plateforme sociale, et d’envoyer à ce groupe des messages précis. Avant les élections présidentielles américaines de 2016, l’un des plus gros problèmes identifiés dans les informations échangées en ligne était la possibilité pour les campagnes politiques et les agents de désinformation de placer des sujets litigieux dans les flux d’informations des utilisateurs de Facebook. Depuis lors, Facebook a supprimé une partie des sélections de catégories dans la rubrique des campagnes publicitaires du site, comme « politique ». En savoir plus sur le micro-ciblage et le « micro-ciblage psychographique ». 


Micro-ciblage

La faculté d’identifier un segment très limité de la population, dans ce cas sur une plateforme sociale, et d’envoyer à ce groupe des messages précis. Avant les élections présidentielles américaines de 2016, l’un des plus gros problèmes identifiés dans les informations échangées en ligne était la possibilité pour les campagnes politiques et les agents de désinformation de placer des sujets litigieux dans les flux d’informations des utilisateurs de Facebook. Depuis lors, Facebook a supprimé une partie des sélections de catégories dans la rubrique des campagnes publicitaires du site, comme « politique ». En savoir plus sur le micro-ciblage et le « micro-ciblage psychographique ». 


Mésinformation

Informations fausses, mais non destinées à causer un préjudice. Par exemple, les individus ne sachant pas qu’une information est fausse peuvent la diffuser sur les médias sociaux dans le but d’être utiles.²


Normie

Un terme d’argot en ligne pour désigner un individu qui suit l’actualité médiatique, les plateformes en ligne et suit l’opinion publique Ce n’est pas un compliment.


OSINT

Un acronyme qui signifie renseignements en sources ouvertes. Les agents de renseignement, les chercheurs et les journalistes enquêtent et analysent les informations mises à la disposition du public pour confirmer ou réfuter les affirmations des gouvernements, vérifier le lieu et l’heure de la journée à partir de photos et de vidéos, et bien d’autres opérations. Les communautés OSINT sont extrêmement utiles lorsqu’il s’agit d’explorer et d’expliquer les nouveaux outils, la manière dont elles sont arrivées à la conclusion d’une enquête, et elles font souvent appel à l’aide extérieure  pour vérifier des informations, comme ce fut le cas de Bellingcat pour retrouver la trace d’un criminel recherché aux Pays-Bas en mars 2019. En une seule journée, soixante personnes ont contribué à cette enquête sur Twitter.


Reddit

Un forum de discussion qui a débuté en 2005 et qui exige une inscription avant de pouvoir publier. Reddit occupe le cinquième rang des sites les plus populaires aux États-Unis, avec 330 millions d’utilisateurs inscrits, appelés « redditors », qui publient dans des subreddits. Le subreddit, “the_Donald,” était l’un des plus actifs et virulents  pendant le processus électoral américain de 2016.


Satire ou parodie

Texte qui utilise des techniques littéraires telles que le ridicule et l’ironie pour critiquer des éléments de la société. La satire peut se transformer en désinformation si le public la considère comme un fait.²² On observe une tendance bien connue des agents de désinformation qui qualifient le contenu comme étant une satire pour éviter qu’il ne soit signalé par les vérificateurs de faits. Lorsqu’elles sont découvertes, certaines personnes insistent sur l’étiquette de la satire, comme un enseignant en Floride dont le podcast raciste a été découvert.


Scraping

Technique d’extraction des données d’un site web sans utiliser d’API. Les chercheurs et les journalistes informatiques l’utilisent souvent pour surveiller les mésinformations et les désinformations sur différentes plateformes et forums sociaux. En général, le scraping enfreint les conditions d’utilisation d’un site web (c’est-à-dire les règles que les utilisateurs acceptent afin d’utiliser une plate-forme). Cependant, les chercheurs et les journalistes justifient souvent le scraping en invoquant l’absence de toute autre solution lorsqu’ils tentent d’enquêter et d’étudier l’impact des algorithmes. Conseil en matière de reportage : les rédactions doivent définir ce qu’elles accepteront et n’accepteront pas lorsqu’il s’agit d’informations qui enfreignent les règles du site web sur lequel l’information a été obtenue et/ou téléchargée.


Faux-nez (sock puppet)

Un compte en ligne utilisant une fausse identité conçue expressément pour tromper. Les faux-nez sont utilisés sur les plateformes sociales pour générer un plus grand nombre d’adeptes sur un autre compte et pour diffuser ou amplifier de fausses informations à un public de masse.²³ Le terme est réputé être synonyme du terme « bot » ; cependant tous les faux-nez ne sont pas tous des bots. The Guardian définit un faux-nez comme un personnage fictif créé pour étayer un point de vue et un troll qui aime ne pas cacher son identité.


Shallow fakes

Des manipulations de mauvaise qualité visant à modifier le rendu d’une vidéo. En avril et mai 2019, la sensibilisation aux Shallow fakes a pris de l’ampleur lorsqu’une vidéo de la Présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, diffusée en ligne, a été ralentie pour donner l’illusion qu’elle était ivre au cours d’un récent événement. À l’heure actuelle, les Shallow fakes sont plus préoccupants que les deep fakes dans la mesure où des outils gratuits sont disponibles ; ils permettent de manipuler subtilement une vidéo et peuvent être produits rapidement. Conseil en matière de reportage : Faites appel à un expert judiciaire en vidéo lorsqu’une vidéo devient virale et semble ne pas correspondre à la personne représentée.


Shitposting

L’acte de diffuser une grande quantité de contenus, pour la plupart ironiques et de mauvaise qualité, dans le but de provoquer une réaction émotionnelle chez les internautes les moins avertis. Le but recherché est de faire échouer tout débat productif et de distraire les lecteurs.


Spam

Communication en ligne non sollicitée et impersonnelle, généralement utilisée pour faire de la promotion, de la publicité ou pour escroquer le public. Aujourd’hui, le spam est essentiellement distribué par e-mail, et les algorithmes détectent, filtrent et bloquent le spam dans les boîtes de réception des utilisateurs. On pourrait éventuellement utiliser des technologies semblables à celles mises en œuvre pour lutter contre le spam dans le contexte du désordre informationnel, ou du moins   en tirer quelques enseignements.


Snapchat

L’application multimédia réservée aux téléphones portables lancée en 2011. Facebook et Instagram ont imité les fonctionnalités les plus populaires de Snapchat comme les stories, les filtres, les lenses et les stickers. L’application compte 203 millions d’utilisateurs actifs au quotidien, et l’on estime qu’aux États-Unis, 90 % des jeunes de 13 à 24 ans et 75 % des jeunes de 13 à 34 ans utilisent l’application. Les clichés sont destinés à disparaître, ce qui a fait la popularité de l’application, mais des captures d’écran sont possibles. En 2017, Snapchat a lancé Snapmaps; cependant, il est impossible de contacter le propriétaire d’une vidéo, puisque les informations relatives à l’utilisateur ne sont pas accessibles. Parfois, l’utilisateur garde son vrai nom ou un nom similaire utilisé sur une autre plateforme. Il est également difficile de faire une recherche selon le tag, sauf si vous utilisez un outil de recherche sociale comme NewsWhip’s Spike. Conseil en matière de reportage : Snapmaps pourrait être très utile pour confirmer un événement d’actualité, mais pas nécessairement pour utiliser l’information dans un reportage public. 


Média synthétique

Ce terme polyvalent désigne la production, la manipulation et la modification artificielles de données et de médias à l’aide de moyens automatisés, notamment par l’utilisation d’algorithmes d’intelligence artificielle, dans le but, par exemple, d’induire les gens en erreur ou de modifier la signification originale des données.


Conditions d’utilisation

Les règles établies par toutes sortes d’entreprises pour déterminer ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas dans le cadre de leur service. Les plateformes comme Facebook et Twitter ont de longues conditions de service qui  évoluent constamment et ont fait l’objet de critiques en raison de la mise en œuvre irrégulière des répercussions lorsque quelqu’un enfreint leurs règles. Conseil en matière de reportage : les rédactions doivent définir ce qu’elles accepteront et n’accepteront pas lorsqu’il s’agit d’informations provenant d’une plateforme qui enfreint ses règles. 


TikTok

Lancée en 2017 par la société chinoise ByteDance, pour changer l’image de marque de l’application Music.ly, il s’agit d’une plateforme vidéo mobile. Selon un reportage de Wired en août 2019, TikTok alimente les discours haineux en Inde. Casey Newton comprend très bien ce qui est en jeu et la manière dont Facebook utilise la popularité croissante de l’application dans un « marché saturé » afin de pousser les législateurs à éviter la réglementation. 


Troll

Ce terme désigne toute personne qui harcèle ou insulte autrui en ligne. Bien que ce terme ait également été utilisé pour décrire les comptes contrôlés par des humains effectuant des activités de type bot, de nombreux trolls préfèrent être identifiés et utilisent souvent leur vrai nom.


Trolling

Le fait de poster délibérément un contenu offensant ou incendiaire au sein d’une communauté en ligne dans l’intention de provoquer les lecteurs ou de perturber la conversation. 


Usine à trolls

Un groupe d’individus se livrant au trolling ou à la promotion de récits de type bot de manière coordonnée. L’une des principales usines à trolls était l’Agence de recherche Internet basée en Russie qui a diffusé des contenus incendiaires en ligne dans le but d’interférer avec l’élection présidentielle américaine.


Authentification à deux facteurs (2FA)

Une seconde manière de s’identifier sur une application ou lors de la connexion à un site web ; c’est un moyen plus sûr d’accéder à vos identifiants. Habituellement, il est associé à votre numéro de téléphone portable, vous recevrez un SMS avec un code de sécurité que vous devrez saisir à l’invite pour avoir accès à l’application ou au site. Cette étape peut sembler ennuyeuse, mais il est bien plus ennuyeux de vous faire pirater à cause d’une faiblesse de vos protocoles. Conseil en matière de reportage : protégez-vous et protégez vos sources en mettant en place une authentification à deux facteurs sur toutes les applications et tous les sites web (en particulier les gestionnaires de mots de passe et les sites financiers) qui proposent ce service. Il est aussi recommandé d’utiliser un gestionnaire de mots de passe gratuit comme LastPass, de longs mots de passe de 16 caractères ou plus, un VPN et de naviguer incognito pour visualiser des informations toxiques en ligne (Chrome, Firefox).


Vérification

Le processus qui consiste à déterminer l’authenticité des informations publiées en ligne par des sources non officielles, en particulier les médias visuels.² Cette méthode est née à la fin des années 2000 ; elle représente une nouvelle compétence pour les journalistes et les militants des droits de l’homme, notamment en réponse à la nécessité de vérifier l’imagerie visuelle pendant le « printemps arabe ». La vérification des faits porte uniquement sur les documents officiels, et non sur le contenu non officiel ou généré par les utilisateurs, bien que le contrôle des faits et la vérification se recouvrent souvent et finiront probablement par fusionner.


Viber

Lancée en 2010 par la société japonaise Rakuten Inc, Viber est une application de messagerie similaire à WhatsApp associant un numéro de téléphone et offrant également une accessibilité fixe au bureau. L’application a ajouté un cryptage de bout en bout aux conversations individuelles et en groupe pour tous les participants qui disposaient de la version 6.0 ou supérieure – pour que le cryptage fonctionne, il faut que chacun ait mis à jour son application. Viber compte 250 millions d’utilisateurs dans le monde, comparé à 1,6 milliard pour WhatsApp, et est particulièrement populaire en Europe de l’Est, en Russie, au Moyen-Orient et sur certains marchés asiatiques.


VPN, ou réseau privé virtuel

Sert à crypter les données d’un utilisateur et à dissimuler son identité et sa localisation. Un VPN fait qu’il est difficile pour les plateformes de savoir où se trouve un individu qui diffuse de la désinformation ou achète des publicités. Il est également judicieux d’utiliser un VPN lorsque l’on enquête sur des espaces en ligne où ont lieu des campagnes de désinformation.


WeChat

Lancée en 2011 sous la forme d’une application de messagerie de type WhatsApp destinée à la communication privée entre amis et famille en Chine, l’application permet désormais d’interagir avec ses amis sur Moments (une fonction comme le mur de Facebook), de lire des articles envoyés depuis les Comptes publics WeChat (comptes publics, personnels ou d’entreprise qui publient des articles), d’appeler un taxi, de réserver de places de cinéma et de payer des factures en un seul clic. L’application, qui compte un milliard d’utilisateurs, serait également une vaste opération de surveillance du gouvernement chinois. Conseil en matière de reportage : WeChat est populaire auprès des immigrants chinois dans le monde entier. Si votre sujet de prédilection inclut l’immigration, il importe que vous sachiez comment l’application fonctionne et comment les informations sont échangées.


Sujet controversé

Ce sont des sujets controversés auxquels les gens s’intéressent et pour lesquels ils ont de forts sentiments. Le but de la désinformation est de déclencher une forte réaction émotionnelle afin que les gens partagent cette information – soit par indignation, peur, humour, dégoût, amour ou toute autre émotion humaine. La forte volatilité émotionnelle de ces sujets en fait la cible d’agents de désinformation qui les utilisent pour amener les gens à partager des informations sans y réfléchir à deux fois. Par exemple, la politique, les stratégies, l’environnement, les réfugiés, l’immigration, la corruption, les vaccins, les droits des femmes, etc… 


WhatsApp

On estime à 1,6 milliard le nombre d’utilisateursde WhatsApp, l’application de messagerie la plus populaire, et la troisième plateforme sociale la plus populaire après Facebook (avec 2,23 milliards d’utilisateurs actifs chaque mois) et YouTube (1,9 milliard). Lancée en 2009, l’application WhatsApp a été reprise par Facebook en février 2014. En 2016, on y a ajouté le cryptage de bout en bout, mais en Mai 2019, des atteintes aux données personnelles ont été commises, rendant les utilisateurs nerveux quant à la protection de leur vie privée. First Draft fut la première ONG à avoir accès  à la plateforme par API avec notre projet électoral brésilien Comprova. En dépit d’un accès spécial, il était difficile de savoir où commençait la désinformation et où elle risquait d’aller ensuite. 


Trafic gratuit (zero rating)

Aux États-Unis et dans une grande partie du monde occidental, le téléphone, les SMS et les données sont regroupées dans un seul plan relativement peu coûteux. L’Amérique du Sud, l’Afrique et la région Asie-Pacifique paient séparément pour chacun de ces services. Les plateformes, notamment Facebook, ont négocié un « trafic gratuit » avec les fournisseurs de réseaux mobiles de ces régions, qui permettent d’utiliser leurs plateformes – Facebook, Facebook Messenger, Instagram et WhatsApp – en dehors du plan de données. Lorsqu’elles sont négociées et qu’elles deviennent un trafic gratuit, ces applications sont gratuites. Pour les utilisateurs, le problème principal de ce programme est que Facebook est l’internet ; l’incitation à rester « sur la plateforme » est forte. Nombreux sont ceux qui partagent dans WhatsApp des articles entiers qu’ils peuvent copier-coller à partir de sites d’informations, et la vérification de ces informations en dehors de la plate-forme nécessite des données. 

Liste de lecture et ressources

Présentation Générale

VEILLE

VÉRIFICATION

REPORTAGES

Notes sur les cours

30 Covering Coronavirus - Handbook_V2GL

Remerciements

Ce cours a été conçu par  Claire Wardle, Laura Garcia et Paul Doyle. Il a été imaginé par notre directrice générale Jenni Sargent. 

Nous remercions les nombreux membres de  l’équipe First Draft. Les participants se sont mis à enregistrer des voix off sous des couvertures dans les salles de bain, à travailler de longues heures pendant le week-end et/ou ont dû faire en sorte que ces exigences liées aux cours s’ajoutent à d’autres tâches essentielles. Ont contribué à ce projet : Jacquelyn Mason, Anne Kruger, Akshata Rao, Alastair Reid, Jack Sargent, Diara J Townes, Shaydanay Urbani et  Madelyn Webb. Nous avons également réadapté d’incroyables réalisations antérieures de Victoria Kwan, Lydia Morrish et  Aimee Rinehart.

La pandémie est mondiale, par conséquent, mettre à disposition un cours en plusieurs langues était une priorité. Merci à notre incroyable équipe de journalistes multilingues qui a révisé les traductions dans plusieurs langues, sous la direction d’Emma Dobinson de First Draft : Pedro Noel (portugais – brésilien), Carlotta Dotto (italien), Marie Bohner (français), Laura Garcia (espagnol), Nadin Rabaa de GNL Berlin (allemand) et Raj Vardarajan de DataLEADS (hindi).

Nous voudrions également remercier les membres de la formidable équipe de conception et de rédaction qui nous ont aidés à réaliser ce cours : Manny Dhanda, Jenny Fogarty et Matt Wright.

En tant que partenaire fondateur, Google News Initiative soutient les activités de First Draft dans le monde entier. Nous tenons à remercier chaleureusement tous nos financeurs pour leur soutien continu.